Tenter de gagner sa vie en risquant de la perdre. C'est la douloureuse équation à laquelle est confronté le personnel du CEM d'Akfadou, sis à Tiniri, le chef-lieu de la commune. A leur corps défendant, les travailleurs de cet établissement scolaire sont exposés aux effets nuisibles de l'amiante, un matériau omniprésent dans les parois et les planchers de l'infrastructure. C'est pour le moins horripilant de penser que cela dure depuis trois décennies. L'établissement a, en effet, ouvert ses portes en 1985. Réalisé sous l'emprise de l'urgence, nous indique-t-on, les autorités de l'époque ont incorporé l'amiante-ciment dans les corps d'état pour édifier les bâtiments abritant l'administration et les divisions pédagogiques. Quoiqu'ayant germé il y a des années de cela, l'idée du remplacement de ce collège vieillot et suranné n'a épousé des contours concrets qu'en 2015, avec le démarrage du projet. «Tout le monde le sait, l'amiante est un matériau cancérigène. Je sais que cela n'échappe pas à l'intelligence de nos augustes responsables ; ce qui est navrant, c'est qu'ils mettent autant de temps pour se décider à réagir», se lamente un membre du staff pédagogique du CEM de Tiniri. Tout aussi désabusé, un fonctionnaire officiant au sein du même établissement dira sur un ton courroucé : «Nous sommes sacrifiés sur l'autel de l'incurie des pouvoirs publics. Pour les plus anciens d'entre nous, le mal est sans nul doute déjà fait. Le comble, c'est qu'on ne peut même pas établir une relation de causalité formelle entre cette exposition prolongée et l'apparition d'une pathologie comme le cancer pour pouvoir réclamer une quelconque réparation».