Le scandale qui ébranle la FIFA depuis le 26 mai dernier est loin d'être fini. Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations sur le fonctionnement de cette institution et sur le rôle qu'ont joué ses personnalités de premier rang par lesquels le scandale est arrivé. Si pour l'instant, l'onde de choc n'a pas atteint les principaux responsables de la FIFA, cela ne saurait tarder, à en croire les enquêteurs américains qui promettent un été torride aux VIP du gouvernement du football mondial. Les révélations de l'Américain Chuck Blazer, retourné par le FBI, ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Il est la seconde boîte noire de l'appareil FIFA. Le Brésilien Ricardo Texeira est la première boîte noire. Il détient tous les secrets de la FIFA depuis le premier jour de l'élection de son beau-père, Joao Havelange, à la tête de la FIFA (1974) jusqu'à son départ du comité exécutif de la FIFA avant la Coupe du monde 2014 au Brésil. Le rapport Garcia sonne le tocsin. La première secousse s'est produite le 13 novembre 2014 lorsqu'a éclaté au grand jour le différend entre Hans Joachim Eckert etMichael Garcia sur le rapport portant le nom du juge américain, choisi par la FIFA pour faire la lumière sur les conditions et circonstances qui ont présidé au choix de la Russie et du Qatar pour organiser respectivement les Coupe du monde 2018 et 2022. Les deux hommes présidaient la commission d'éthique de la FIFA. L'Allemand (Eckert) a expurgé le rapport présenté par Garcia. Des 400 pages que l'Américain a rédigées sur la base d'entretiens et de 200 000 documents, il en a fait une synthèse de 42 pages. Il affirme : «Il n'y a eu aucune violation ni entrave aux règles et règlements applicables» et décrète qu'il n'y a pas de raison pour «remettre en question le choix du comité exécutif du 2 décembre 2010». A la lecture de ces lignes le juge Michael Garcia a sursauté et a rédigé un communiqué ou il a affirmé que «Eckert a fait une lecture incomplète et erronée des faits et des conclusions». Cette crise interne a ouvert la voie au déballage public qui n'en finit pas depuis et menace de détruire totalement la FIFA comme institution. Beaucoup d'observateurs s'interrogent sur le timing du scandale et fondent leurs analyses sur le contexte géopolitique. Cette approche s'est renforcée, en janvier dernier, lorsque le Bahrein et les Emirats arabes unis ont déclaré forfait au Championnat du monde de handball que le Qatar a organisé en début d'année. Au début de son enquête, Michael Garcia avait demandé à s'entretenir avec les 11 membres du comité exécutif sur les 22 qui ont voté le 2 décembre 2010, et qui depuis ne font plus partie de l'organe de direction et de contrôle de la FIFA. Il n'a pas eu le loisir d'écouter la version de Ricardo Texeira, Chuck Blazer, Jack Warner, Nicolas Leoz, tous impliqués — à part Texeira pour l'instant — dans le scandale de la FIFA. Selon la presse britannique, le rapport Garcia mentionnerait «des influences exercées par certains gouvernements sur ceux de leurs ressortissants qui participaient au vote». Ce passage vise en premier Michel Platini, président de la FFF, et l'Allemand Frantz Beckenbauer. Il appuie les accusations du président de la FIFA, Joseph Sepp Blatter, qui a clairement dit que Michel Platini a voté en faveur du Qatar sur injonction de l'Elysée et du président français, Nicolas Sarkozy. En mars dernier le Daily Mail, journal britannique, a publié une liste de dirigeants sportifs de différentes confédérations qui auraient reçu de l'argent en contre partie de leur vote en faveur des heureux lauréats du 2 décembre 2010. La prochaine étape du scandale de la FIFA va se transférer des individus aux Etats. Beaucoup de dirigeants de la FIFA ne survivront pas à l'opération enclenchée par Michael Garcia et prise ensuite en charge par la justice américaine et le FBI. Déjà, les limiers du FBI sont sur la piste des fondations des dignitaires de la FIFA par où aurait transité une partie de l'argent sale de la corruption.