La conférence que compte tenir le ministère de l'Education nationale, en juillet, sur l'évaluation de l'enseignement secondaire, sera l'occasion pour réviser les dispositions de lutte contre la fraude et actualiser le dispositif de contrôle en vigueur. L'actuel dispositif a montré ses limites face à l'ingéniosité des candidats et leur accès aux nouvelles technologies de communication, rendant obsolètes les mesures de fouille et la surveillance visuelle. Le département de Mme Benghebrit annonce l'installation prochaine d'une commission chargée d'élaborer de nouvelles mesures pour contrecarrer les méthodes usitées par les fraudeurs et les soumettre à l'approbation de la tutelle. La ministre de l'Education nationale annonce que des mesures «fermes» seront prises l'année prochaine, en prévision du baccalauréat 2016, pour faire face à la fraude par l'utilisation des nouvelles technologies, notamment après l'exclusion de 61 candidats fraudeurs de ces épreuves. La ministre a appelé les surveillants à faire preuve de vigilance et à accomplir au mieux leur mission, précisant qu'il y a trois surveillants et un observateur dans chaque classe où composent 20 élèves. Mais est-ce suffisant pour réduire à néant l'activité des gadgets ultramodernes dont disposent ces élèves ? De véritables kits d'espion sont en vente sur internet à des prix faramineux. Muni d'une oreillette quasiment invisible, le tricheur se fait souffler les réponses par un complice. Alternative plus discrète encore : combiner l'oreillette avec un stylo MP3 sur lequel les leçons ont été enregistrées à l'avance. Le cas d'une candidate qui passe ses épreuves à l'établissement Lagha de Bouzaréah, à Alger, prise en flagrant délit d'utilisation de ce kit, a créé le buzz. Cette élève a été surprise à tricher ainsi en plein passage de la délégation ministérielle qui donnait, hier, le coup d'envoi de l'épreuve d'histoire-géographie. Le bruit fait autour de la fraude durant cette session du baccalauréat exprime la nécessité de la refonte de cet examen décisif pour la scolarité. Le Conseil des lycées d'Algérie, qui a préparé une étude sur la triche, s'interroge s'il faut «forcément passer par des dissertations pour valider les connaissances accumulées au cours de la classe terminale». «Le bac doit se diversifier», soutient le CLA, car depuis l'instauration de cet examen, la société algérienne a changé, «mais le bac beaucoup moins». Faut-il se contenter de valider des connaissances et non pas des compétences ? Sur certaines épreuves, les étudiants ont désormais droit à des documents de cours qui leur sont inutiles s'ils n'ont pas travaillé auparavant, rappellent les auteurs de cette étude, qui s'est intéressée au phénomène de la fraude chez les candidats au bac. «On conviendra facilement que la fraude, à moins d'avoir recours à des techniques propres aux scénarios des meilleurs films d'espionnage, est quasiment impossible à mettre en place dans ce genre de situation. La triche peut combler un trou de mémoire pour quelqu'un qui a bien préparé, mais elle n'est d'aucune utilité pour ceux qui n'ont pas travaillé durant l'année», note le même syndicat.