À Khenchela, plus précisément à Kaïs, le bac 2009 ne sera pas de sitôt effacé de la mémoire collective. Un candidat au bac, qui est le P/APC de la localité de Babous, distante de 26 kilomètres du chef-lieu de wilaya, a été pris en flagrant délit de fraude. Il a été débusqué par les surveillants au moment où il recevait un appel depuis le kit mains libres de son portable. Selon notre source, la communication en question ne pouvait être que les éléments de réponse aux épreuves de comptabilité. L'information, qui ne cesse d'alimenter, depuis, les discussions quotidiennes dans la région, relance le débat sur la notion de moralité et d'éthique au sein d'institutions névralgiques. À une centaine de kilomètres, soit à Tébessa, 5 candidats libres, dont deux filles, ont été appréhendés en flagrant délit de fraude dans différents centres d'examen au niveau de la ville. L'arsenal de ces fraudeurs est constitué de kit mains et de livrets miniatures, communément appelés “hrouz”. Tout laisse à croire qu'ici le phénomène n'est pas nouveau sauf que cette année, dans cette wilaya, le dispositif de surveillance mobilisé durant les épreuves d'examen est jugé acceptable avec 5 surveillants par salle de 20 candidats, chapeautés par 3 observateurs par centre, eux-mêmes en relation directe avec une cellule de contrôle installée au niveau de la Direction de l'éducation. Plus au Sud, soit à El-Oued, une fraude aux épreuves s'est terminée dans les urgences chirurgicales. En effet, au deuxième jour des examens, un candidat fraudeur a grièvement blessé un surveillant qui l'a débusqué au cours de sa sale besogne. L'incident est survenu au centre d'examen Mahmoudi-Abderrahmane dans la localité de Hassani-Abdelkrim où le candidat a tenté de tricher. Devant la vigilance et l'intransigeance du surveillant, l'étudiant usa de la violence pour se venger à coups de tête. Le surveillant a été admis au bloc chirurgical quant à l'agresseur, il a été exclu des épreuves. Ce cas n'est pas isolé. Déjà, auparavant, au premier jour des épreuves, un autre candidat a été surpris par les surveillants en flagrant d'élit de fraude au centre d'examen Largat-Kaylani dans la ville d'El-Oued. Plus au Sud, à Hassi-Messaoud, au lycée technique Djilali-Lyabès, c'est une jeune candidate qui a été surprise par une surveillante en train de tricher. À Bordj Bou-Arréridj, les épreuves du baccalauréat ont été entachées par un cas de triches au centre d'examen Ouchème-Salah à Bordj Bou-Arréridj. Lors de la troisième journée, à l'épreuve de philosophie pour la section littéraire, une enseignante- surveillante trouvera sur deux candidates “voilées” des kits mains libres. Après vérifications, les portables des deux candidates se sont mis à vibrer et une petite pression sur la touche verte de l'oreillette libèrera deux voix dictant la réponse du sujet de philosophie. Avec ces cas de fraudes, notamment par le truchement des kits mains libres, on ne peut que se poser des questions légitimes. Qui se trouvaient à l'autre bout du fil du portable des candidats ? Comment ont-ils pu accéder aux réponses des sujets en un temps record ? La fuite des épreuves se situe à quel niveau ? Enfin, quelle est l'ampleur du phénomène? Si cette année, les cas de fraude aux épreuves du bac ont été médiatisés, c'est parce que les mesures de surveillance sont plus draconiennes que celles arrêtées les trois dernières années où un certain relâchement avait été signalé. Il y a 3 années de cela, les responsables du ministère de l'Education ne savaient pas qu'ils allaient commettre la pire décision en optant pour une sorte de concours de la meilleure wilaya et du meilleur lycée aux épreuves du bac. La première année de l'application de la mesure fut un véritable désastre. Les échos étaient alarmants. La fraude fut, dans certaines wilayas… institutionnelles. Une course a été alors engagée, entre les responsables des lycées et des Directions de l'éducation à l'échelle nationale, pour avoir les meilleurs résultats. Comme, à l'instar des autres secteurs de la société, l'éducation n'est pas épargnée par les brebis galeuses, certains ont même recouru à tous les moyens sur l'autel de l'éthique. Des régions où le niveau de scolarité est jugé faible et où le secteur est miné par des conflits sociaux de travail répétitifs, réussiront à décrocher les premières places. Cette année, le département de Benbouzid a mis tous les moyens pour corriger le phénomène. Tant mieux ! Mieux, pour certains, à chaque fois qu'un cas de fraude est signalé, l'Ecole algérienne gagne en crédibilité. M. K.