Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND, est revenu hier, au lendemain de son plébiscite à la tête du parti sur plusieurs questions d'actualité. Le directeur de cabinet de la Présidence a défendu l'armée, le DRS et également le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Ouyahia hausse le ton en évoquant les commentaires de certains leaders de partis quant à la lettre de félicitations adressée par le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, au secrétaire général du FLN. «Je qualifie de très graves et même d'inquiétants les propos tenus par un responsable politique et qui dit que la lettre de Gaïd Salah à Saadani est un viol de la conscience des soldats de l'ANP», a expliqué Ouyahia, allusion faite à Louisa Hanoune. Lors de cette conférence de presse, Ouyahia dit ne pas comprendre les insinuations de ces personnalités politiques qui disent que l'institution militaire est divisée sur ce message : «Que vise-t-on à travers cette campagne lorsque l'on sait que nos soldats sont à nos frontières sous un soleil de plomb. Que l'on critique le président Bouteflika je comprends, mais s'acharner de la sorte contre l'armée c'est un précèdent grave», s'insurge Ouyahia qui a tenu à préciser que le président Bouteflika, qui est aussi chef suprême de l'armée, avait adressé un message au FLN à l'ouverture de son 10e congrès. «Pourquoi cela n'a pas suscité autant de réaction», se demande Ouyahia qui loue, dans sa lancée, les mérites du patron du DRS, le général «Toufik» : «Ce département que l'on veut transformer en un montre a assuré la sécurité des Algériens durant la décennie noire. C'est, entre autres, grâce à cette institution que le pays est resté debout.» S'agissant de la revendication de l'opposition concernant une élection anticipée, Ouyahia tranche : «Il n'y aura pas d'élection anticipée, législative et encore moins présidentielle. L'élection présidentielle aura lieu comme prévue en 2017 et le président Bouteflika ira jusqu'au bout de son 4e mandat et il mettra progressivement à exécution les réformes politiques contenues dans son programme électoral.» Dettes Ouyahia confirme, de par son poste de chef de cabinet à la Présidence, que le Président a toutes ses capacités mentales et s'acquitte pleinement de sa fonction présidentielle. A une question relative à une guerre de clan au niveau du sérail et l'éventualité de voir Saïd Bouteflika succéder à son frère, Ouyahia dément catégoriquement : «Nous ne sommes pas une monarchie. Le peuple algérien n'est pas monarchiste. Je ne crois pas que le président Bouteflika, qui s'est battu pour l'indépendance du pays et qui est à sa direction depuis 16 ans, ait des visions monarchistes. Saïd Bouteflika n'est pas inconnu de la scène publique. On sait qu'il ne joue pas dans cette direction.» «J'ai répondu à l'appel de la base militante pour redynamiser le parti et lui donner un nouveau souffle dans un contexte politique national particulier», affirme Ouyahia qui déplore la culture de la spéculation qui se généralise en Algérie. Une spéculation qui se propage, reconnaît-il, en raison de la défaillance de la communication officielle. «J'ai toujours dit que notre point faible est la communication officielle qui est défaillante», admet Ouyahia. Revenant sur le projet de l'alliance présidentielle, Ouyahia ne nie pas que ce pôle sera créé pour contrecarrer le projet de l'opposition. «Je ne suis pas d'accord avec l'initiative de l'opposition concernant la transition démocratique. L'opposition a constitué un bloc contre le régime. Les partis au pouvoir créeront leur front pour défendre et soutenir le programme du président Bouteflika», note Ouyahia qui regrette que le débat tourne uniquement autour de qui prendra la place du Président… Sur le plan économique, Ouyahia appelle les Algériens à «retrousser leurs manches et à serrer la ceinture, si les cours du pétrole se maintiennent à la baisse». «La conjoncture économique du pays est difficile», a-t-il affirmé. Ahmed Ouyahia dit soutenir l'option de recourir à l'exploitation du gaz de schiste et accuse un pays, sans le nommer, qui veut vendre son énergie nucléaire à l'Algérie, de vouloir parasiter le projet du gouvernement. En outre Ouyahia déclare ne pas avoir honte d'avoir exécuté de «sales besognes». «Je ne fais que rembourser mes dettes à l'Algérie. En plus il faut bien que quelqu'un fasse ces sales besognes», conclut-il.