Considérée comme l'une des grandes daïras de la wilaya d'Oum El Bouaghi, Meskiana est restée confinée dans une attitude semi rurale, semi urbaine. Avec une population d'environ 38.000 âmes, la ville n'a pas profité grandement du souffle de développement qui a caractérisé certaines contrées du pays. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à traverser la grande artère Ammar Radjaï qui, bien que longue d'un kilomètre, n'offre qu'un piètre aspect, lequel est dû essentiellement aux vieilles bâtisses qui la bordent de part et d'autre. Construites au début du siècle dernier, la plupart des constructions sont dans un état de décrépitude qui renseigne sur la démission des anciens propriétaires. Le pire c'est que certaines maisons menacent ruine, comme le furent précédemment d'autres, situées dans les environs immédiats. Parce que demeurées dans l'indivision, nombre de bâtisses ne trouvent pas d'acquéreurs. La nouvelle équipe de l'APC a entrepris une opération d'envergure pour donner à la ville un nouveau look. Les larges trottoirs de cette grande avenue viennent d'être revêtus de carreaux antidérapants, alors que la chaussée a été de nouveau goudronnée. Ce que déplorent les habitants c'est que le centre-ville soit déplacé sur les hauteurs, là où sont érigées de belles bâtisses et de nouveaux édifices publics et ce, au détriment du centre névralgique de la cité de la Kahina. Ne restent plus dans l'ancien centre que les cafés, la poste, le commissariat. Même le marché hebdomadaire qui se tient chaque jeudi, a été déplacé à l'est de la ville. L'esplanade choisie est certes spacieuse pour contenir chalands, marchands et leurs stands, mais elle n'est pas bitumée, ce qui occasionne des désagréments aux vendeurs et acheteurs, puisque les lieux sont poussiéreux en été et boueux en hiver. Connue pour sa culture de carottes, la région de Meskiana a perdu aussi des terres agricoles, suite à l'extension de l'habitat. La conversion du foncier agricole en terrains à bâtir a fini par réduire les potentialités agricoles de la région. Pour preuve, le très connu domaine Hendaoui Djelloul a vu se rétrécir ses capacités productrices, voire perdu son aura d'antan. Les terres arables d'autrefois sont occupées par des maisonnettes implantées dans un désordre inexplicable. Qui a permis à toutes ces personnes de construire de la sorte ? ne manque pas de s'interroger le citoyen lambda. Nous avons rencontré des personnes qui se battent pour redorer le blason de cette contrée au passé verdoyant et prospère. Hamoudi en fait partie. Il appartient à cette génération qui se bat pour que le barrage des Chebabta voie le jour. Peut-être que la survie du monde agricole de cette région en dépend grandement. Le projet du barrage ne date pas d'hier. Il a été inscrit sur les tablettes de l'agence nationale des barrages depuis des lustres et il ne reste que sa réalisation pour donner souffle à l'agriculture de cette partie de la wilaya d'Oum El Bouaghi. D'autres citoyens souhaitent que l'ex unité Elatex (unité spécialisée dans le lavage et le peignage de la laine) soit rouverte pour absorber une partie des chômeurs de la ville. Avec sa fermeture, tout le monde s'en souvient ici, plus de 400 travailleurs ont été libérés. Cela a ressemblé à un coup de massue pour toute la ville.