Meskiana, l'une des plus grandes daïras de la wilaya d'Oum El Bouaghi, dont la population avoisine les 40 000 habitants, n'a pas connu un développement notable en matière d'infrastructures administratives, à l'instar des autres daïras. Un jeune intellectuel, parlant de sa ville natale, ironise : «Notre cité ressemble à une vaste prison, sans mur d'enceinte seulement.» La plupart des jeunes font à peu près le même constat quand il s'agit de leur ville. Ils ne comprennent pas pourquoi la cité de la Kahina n'as pas connu d'essor tant dans le secteur économique, que ceux culturel et social. La principale rue, baptisée au nom du chahid Radjaï Ammar, a pris un coup de vieux du fait de la vétusté des bâtisses qui la bordent d'un côté et de l'autre. Il y en a même qui risquent l'effondrement imminent. Quelques nouvelles constructions finissent la rue du côté Est, plus exactement sur la route de Tébessa. Dernièrement de nouveaux chantiers sont lancés du côté de la ferme Hendaoui Djelloul. Il s'agit du projet d'un tribunal, d'un collège et d'une nouvelle unité de la gendarmerie. Le secteur économique traîne, surtout après la fermeture de l'unité Elatex (spécialisée dans le lavage et le peignage de la laine) et la disparition de l'ex- Sogedia et de la Snic. Du coup les jeunes se trouvent confrontés à un chômage endémique et pernicieux, avec son corollaire la délinquance, sans parler d'une énorme déperdition scolaire. «Nous avons besoin d'unités industrielles pour créer des postes d'emploi», relève un jeune cadre au chômage. D'autres jeunes abondent dans le même sens car ils ressentent plus que n'importe qui les effets du chômage. Beaucoup, de guerre lasse, ont d'ailleurs quitté la ville pour s'installer, qui à l'étranger, qui dans le Sud, enfin là où il y a plus de chances de décrocher un poste. La ville qui d'habitude somnole faute d'activités commerciales et économiques, a néanmoins retrouvé, ces jours-ci, un certain entrain avec la rentrée scolaire. Les rues sont animées de cohortes d'enfants en blouse bleue ou rose. Les commerçants de fringues ont fait de juteuses affaires. Mais après ? Après, la ville renouera avec sa morosité coutumière. Pour découvrir l'autre facette de la cité, il faut aller du côté sud, là où poussent, comme des champignons, des dizaines de blocs d'habitation. En dépit de leur nombre, la crise du logement persiste toujours. L'éclatement de la cellule familiale a engendré une augmentation notable de demandeurs de logements. Par ailleurs, les jeunes attendent impatiemment que leur soit livré le centre culturel dont le chantier a accusé un retard de six ans. Un élu de l'APC nous a confié que l'enveloppe allouée au départ au projet s'est avérée insuffisante, il a fallu accorder une rallonge de 300 millions de centimes pour parachever la bâtisse. Conçu dans un style moderne, ce centre comprend une salle des fêtes d'une capacité de 600 places, plusieurs ateliers et une bibliothèque; de quoi assouvir la soif des jeunes en matière de culture. Par ailleurs, une bibliothèque vient d'être réceptionnée dernièrement. Elle est implantée près d'une école primaire et d'un lycée. Sans doute, le secteur de l'éducation est le seul à disposer de structures à même de répondre à la demande des élèves, tous paliers confondus. A cet effet, la commune enregistre une dizaine d'écoles primaires, six CEM et trois lycées. Dans le domaine de la santé, c'est le manque de spécialistes qui se fait cruellement sentir. Nombre de malades souffrant de diverses pathologies sont obligés de se déplacer dans les localités limitrophes telles Aïn Beïda, Khenchela et Oum El Bouaghi.