Une journée de réflexion sur l'accès aux soins pour les migrants en Algérie organisée par l'Association de Protection Contre le Sida (APCS) s'est tenue, jeudi, à l'hôtel El Houna. Cette journée a été marquée par la participation des Médecins Du Monde (MDM) et de nombreuses personnalités du monde associatif. «C'est une journée où l'on ambitionne de faire un arrêt sur image, pour voir quel est le regard de certaines institutions et associations sur la migration. La santé est un bien précieux pour tous les êtres humains», nous confiera le président de l'APCS, M. Tadjeddine. Des statistiques établies sur les villes d'Alger et d'Oran, pour la période allant de décembre 2012 à janvier 2013, révèlent que la migration est principalement due à des raisons économiques à hauteur de 34,4% des cas. 57% des migrants sont originaires de pays dont la situation est précaire, 66,2% sont accompagnés de leurs enfants et 45% sont sans emploi. La majorité des migrants parviennent à rejoindre le pays par route, soit un taux de 90,9%. 49% d'entre eux ont été, à un moment ou un autre, confrontés à la violence et 61% aux insultes et menaces. 40% des migrants ont été victimes de discrimination pour l'accès aux soins et enfin 26% ont carrément été interdits d'accès aux structures de soins. La grande majorité des migrants viennent de l'Afrique de l'ouest et du Cameroun. «Les migrants ont droit aux soins, à l'éducation, à la dignité, au logement et au travail. La loi leur accorde le droit de résider sur le territoire national, ils ouvrent droit à tous les besoins comme n'importe quel citoyen algérien, et même ceux en situation irrégulière. On doit leur venir en aide», insistera le président de l'APCS. Une jeune femme camerounaise âgée de 33 ans installée à Oran depuis 3 ans nous dira: «Pendant ma grossesse, mon médecin privé m'a recommandé d'aller accoucher dans une clinique. Une fois arrivée, on a refusé de me prendre en charge sous le prétexte qu'il n'y avait plus de sage-femme. Je me sentais seule et délaissée. Je souffrais depuis deux jours». Le président de l'APCS insistera: «En tant que médecin, cela me chagrine d'entendre ce genre de témoignage, personnellement, je m'occupe de tous les patients peu importe leur nationalité, leur religion ou leur couleur. L'individu reste un être humain avant tout». «Les migrants ont droit aux soins comme n'importe quel citoyen algérien. Ils sont les bienvenus dans nos services», dira le représentant du CHUO. Mme Charlotte Debussy, coordinatrice générale des médecins du monde en Algérie nous dira pour sa part : «On travaille en Algérie particulièrement sur Alger et Oran pour favoriser l'accès à la santé pour les migrants en situation régulière ou irrégulière. Nous faisons un travail auprès des communautés pour les informer de leurs droits et pour les accompagner éventuellement vers les centres de santé. Pour que l'accès aux soins soit quelque chose d'acquis sur le long terme».