Circulez, il n'y a rien à voir !» C'est désormais le leitmotiv du pouvoir qui change son fusil d'épaule en matière de communication officielle. A l'étroit au cabinet de la Présidence et soumis à l'obligation de réserve, Ouyahia opère un retour martial à la tête du RND et endosse le rôle de communicant en chef du régime. Le message est simple : il n'y a pas de luttes des clans, ni de guerre de succession et l'agenda électoral va suivre son cours normal. Une fois de plus, le profil d'Ouyahia s'impose dans le sérail pour permettre au pouvoir de garder l'équilibre au milieu du gué. Son avantage est d'être aussi tonitruant que Saadani pour focaliser l'attention, mais sans l'inclinaison aux embardées et aux tirs amis. L'équipe au pouvoir aspire à une quiétude politique dans un contexte de détresse clanique, peut-être clinique. Alors, l'inusable patron du RND est convoqué pour organiser le vide et rappeler que toute transition est chimérique dans le système politique algérien. Les efforts titanesques de l'opposition pour construire une perspective de changement sont évacués d'un revers de main par le nouveau porte-parole du régime, qui réussit à créer l'événement politique en livrant un discours qui fait table rase du débat national. Et il crée de faux débats. Aucune voix n'avait fait état d'une tendance monarchiste des Algériens. Il y a eu des présidents démissionnés, ou assassinés, mais pas de roi déchu. L'opinion publique a eu droit à un démenti, au cours de la conférence de presse de jeudi, à une option politique qui n'a jamais été sérieusement étayée, au sujet des ambitions du frère du Président. Quelle que soit l'influence politique ou économique d'un homme, une ambition présidentielle est annulée à la base s'il y a carence d'envergure et de charisme. Inutile donc de disserter sur l'absence de tradition monarchiste au sein du pouvoir ou dans la société, et un peu de culture politique nous apprend qu'un simple électricien peut devenir président de la République, comme ce fut le cas en 1990 dans un pays d'Europe centrale. Les présents à la conférence de presse ont également été amenés à noter que le retour d'Ouyahia au RND est conçu pour donner un nouveau souffle à ce parti. L'Algérie est l'un des rares pays au monde où la rénovation politique se résume à un recyclage des personnels, où les partis-maison sont capables d'éjecter leurs responsables sous les huées puis de les faire revenir sous les applaudissements. Ce n'est pas une comédie, c'est un désastre qui est offert en spectacle à l'opinion nationale, celle mondiale étant définitivement lassée de nos péripéties politiques et exclusivement tournée vers la sauvegarde des intérêts économiques. La seule déclaration concrète à retenir de la sortie médiatique de jeudi est que l'option de l'exploitation du gaz de schiste est maintenue. Sur ce dossier, tous les responsables algériens parlent en experts, puisqu'ils évoluent dans cette énorme usine à gaz qu'est devenu le régime en place, où le risque d'explosion est plus présent que les chances de changement.