L'audience préliminaire de l'affaire ENI-Saipem, qui s'est déroulée vendredi au tribunal de Milan, a vu une autre partie algérienne, une association qui se dit pour «la protection des intérêts des Algériens», qui voulait se porter partie civile, déboutée. Le juge Alessandra Clemente a rejeté cette demande et a désigné la seule agence italienne pour les recettes fiscales comme partie civile. Une autre association de défense des droits des consommateurs italiens Codacons a été, elle aussi, déboutée par le parquet. Rappelons que les prévenus poursuivis dans cette affaire sont accusés de corruption internationale et de fausses déclarations au fisc italien. Lors de cette audience, qui se poursuivra le 10 juillet prochain, l'interrogatoire de l'ancien patron d'ENI, Paolo Scaroni, a également été reporté. Ce dernier avait demandé à être entendu par les juges pour défendre sa position. Il faut dire que l'ancien directeur de Saipem-Algérie, Tullio Orsi, qui a négocié sa peine avec les juges milanais, pour écoper de moins de trois ans de condamnation, a toujours affirmé que l'ancien administrateur délégué d'ENI était au courant des pratiques de Saipem qui visaient à acheter des responsables algériens afin de bénéficier d'un traitement de faveur lors des appels d'offres pour décrocher les marchés de Sonatrach. Outre les six prévenus italiens et deux algériens (Farid Bedjaoui et Samir Ouraied), le groupe pétrolier ENI et sa filiale Saipem sont également mis en cause dans ce scandale qui tourne autour du versement de 198 millions de dollars par Saipem aux dirigeants de Sonatrach et à des hommes politiques algériens, par le biais d'intermédiaires algériens, dont le principal accusé est le neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Ces pots-de-vin auraient servi à l'octroi de 8 contrats de prospection et d'exploitation des hydrocarbures en Algérie par Saipem, entre 2007 et 2010. Un marché évalué à 11 milliards de dollars. L'autre procédure judiciaire qui touche l'entrepreneur algérien Omar Habour et l'avocat français Yam Attallah a été reportée au 7 juillet prochain. Les deux hommes sont accusés de blanchiment d'argent relatif aux pots-de-vin et utilisé dans des opérations immobilières. Maître Attalah aurait acquis au profit de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, des villas et des appartements de luxe, aux Etats-Unis (Maryland) et à Dubaï, avec l'argent de la corruption. L'audience s'est poursuivie après la pause-déjeuner, avec l'intervention de la défense de Saipem qui a demandé que certains documents versés au dossier soient rejetés pour vice de forme. Cette première série de débats servira au juge Clemente pour voir clair dans cette affaire et décider si l'accusation dispose d'un dossier en béton pour affronter un procès.