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Papa disait : «El Mouradia n'est ni une auberge qui cherche un concierge, ni une écurie à louer»
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Publié dans El Watan le 15 - 06 - 2015


Par Dr Omar Chaalal
Je commence ce débat à la manière de Beaumarchais : «Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. On ne peut corriger les hommes qu'en les faisant voir tels qu'ils sont».
Pendant la colonisation, le gouvernement français nommait des gens de confiance pour jouer la trompette pendant les fêtes officielles. Ces gens sont généralement des personnes qui ont servi l'armée française.
Des harkis ou tout simplement des anciens combattants. J'adhère cette réalité à une réflexion du professeur Dumez Hervé, directeur de recherche au CNRS. Entre les politiques et leur évaluation, un hiatus doit donc être maintenu : «Chacun son métier, les vaches seront bien gardées». Malheureusement, nos vaches n'écoutent pas quand l'Algérien monologue.
Bien que les gens qui se parlent à eux-mêmes puissent être pris pour des zinzins, le monologue reste l'outil de communication le plus efficace chez nous. Déçu par la politique pouponne de Diwan Zamrouet soucieux du futur hôte d'El Mouradia, un Algérien se parle à lui-même dans un monologue politique. Il commence son monologue en chantonnant «Dansons la capucine. Y a pas de lait chez nous. Y en a chez la voisine. Mais ce n'est pas pour nous. You...» Ils nous font peur par leurs extraterrestres envahisseurs près à déstabiliser l'Algérie à chaque fois qu'un Algérien leur demande de plier bagage après une révolte pour une pénurie alimentaire.
Si nous continuons dans cette voie ventrière, nous serons dans l'obligation d'attendre les miracles d'une armée invisible pour défendre ce pays. Aux Etats-Unis, les civils dorment dans un sommeil profond et tranquille puisqu'ils savent que le soldat américain fait son travail en bonne et due forme sur les flottes qui surveillent le monde. Généralement, les Algériens dorment comme les américains, sauf que leur sommeil est perturbé quand ils entendent les discours insensés des Zamar ventraux.
Notre armée est une organisation très bien structurée d'hommes qui défendent notre territoire. Cette armée a fait ses preuves à Tiguentourine. Après cette action, j'aurais bien aimé voir les jeunes dans les rues crier «Maak yal khadra !» C'est cette khadra qui surveille nos frontières.
C'est grâce à cette khadra que notre drapeau existe. Certains civils trop Zamar et experts dans l'alimentation générale se prennent pour des généraux. Ils osent parler de la sécurité de l'Etat. Ils parlent beaucoup sans rien dire. Ils rabâchent un discours insensé mélangé à l'incroyable. Le peuple sait que ces politicards sont incapables de défendre leurs propres foyers.
La sécurité du pays est une chose sérieuse, elle relève de la responsabilité de cette khadra. Incompétent de comprendre ce qui se passe chez nous, ce papa se dit : «Pourquoi ne pas demander à mon fils de m'expliquer par la théorie des ensembles comment il voit la prochaine élection présidentielle ? Les jeunes sont intelligents et savent nous démontrer mathématiquement comment la flatterie infecte et corrompt le raisonnement politique chez nous les adultes.»
Pour ne pas prendre son papa pour un fou, le jeune commence par énumérer les Présidents qui ont gouverné l'Algérie, il les classe sous forme d'un ensemble {Ben Bella, Boumediene, Bitat, Bendjedid, Boudiaf, Kafi, Zeroual, Bouteflika, le Président X}. Cette série comporte huit personnes. L'enfant prévoit dans la neuvième position le prochain Président. Ce garçon est doué dans les jeux de hasard. Il applique la théorie des suites à cet ensemble pour avoir une idée sur le prochain Raïs. Il traduit cet ensemble mathématiquement sous la forme d'une suite de Fibonacci {Q, i, i. 2, 3, S, 8, 13, 21}. Pour faciliter la tâche aux lecteurs, cette suite est obtenue comme suit : chaque terme dans la suite est la somme des deux termes précédents.
Dans la suite de Fibonacci, le président Ben Bella est représenté par le chiffre zéro et le président Boumediene par le chiffre 1. La somme de Q et 1 donne le chiffre 1 pour le président Bitat et il continue... L'enfant regarde le résultat, analyse et conclut. Tous les noms dans la suite commencent par la lettre B, à l'exception de Zeroual et Kafi. La réapparition de la lettre B du président Bouteflika en huitième position lui affectant le nombre 13 dans la série n'est pas un hasard.
Le nombre 13 a ses raisons d'être. Il indique exactement le nombre d'années de gouvernance de Boumediene et de Bendjedid. Il sourit et dit : «Jamais deux sans trois ! Il me semble que le maximum d'années de gouvernance en Algérie ne peut pas dépasser les 13 ans». Pour appuyer cet argument, il rappelle à son papa les belles paroles du diplomate professionnel.
«Papa, rappelle-toi bien de mon analyse ! La période de gouvernance de Bouteflika de 1999 à son dernier discours historique de Sétif, le 8 Mai 1912, est de 13 ans. Dans ce discours, Bouteflika a annoncé avec finesse et diplomatie de grand maître la fin de sa gouvernance par la fameuse expression ‘‘Tab Djnanou». Papa, Bouteflika un est grand homme. Je reconnais qu'il a sacrifié son âme pour notre pays.»
Subjugué par l'intelligence de son enfant, le papa revient à sa conscience et dit : «Je sais très bien que le nombre 13 était mon favori quand je remplissais mes grilles de pari sportif algérien. Je ne suis pas contre la répétition du B dans la suite politique fubinoccienne, mais je suis contre son utilisation abusive par Diwan Zamrou». La joie revient à l'enfant, il regarde son papa et dit : «Les jours comptés dans l'ivresse du pouvoir donnent aux politiques des méthodes abusées pour tromper le peuple.
Les trompettes des bouffons annoncent une fête bohémienne au sein du FLN pour donner aux Algériens l'illusion d'une stabilité dans un parti secoué par les divergences claniques. Depuis le départ du sage Mehri, ce parti vit une turbulence qui peut le démantibuler.La turbulence dans le FLN peut induire un vortex au sommet de l'Etat.
Ce vortex va nous amener à la dérive si les sages et les intègres de ce pays n'interviennent pas. Si nous sommes dans cette impasse, ce n'est pas un hasard ! C'est la faute des Amar. Je demande aux lecteurs de faire la liaison pour arriver au mot Zamar. En arabe, ce mot veut dire trompettiste.»
«Fiston, tu as raison ! J'ai honte d'entendre un candidat à la présidence évaluer le kilogramme de pomme de terre à cinquante mille dinars en Algérie. Je me sens un peu ivre quand je me rends compte qu'un autre candidat connaît à peine le rythme de notre hymne national. Certainement, Ben M'hidi, Ali La Pointe et Zabana ne se sentent pas bien dans leur peau de martyrs. Dans l'autre monde, tout est parfait et l'incertain n'existe pas. Ils nous regardent de là où ils sont.
Ils sont gênés de voir l'image de l'Algérie dans cet état. Permets-moi, fiston, de dire ‘‘El Mouradia n'est ni une auberge à la recherche d'un concierge, ni une écurie à louer'', l'Algérie est un pays puissant. Son armée est une armée modèle en Afrique. Les cadres algériens ont fait preuve de compétence dans les moments les plus difficiles (1992-1998). Fiston, je me trouve dans l'obligation de te dire la vérité. Le sens politique d'un comportement ne se comprend que dans sa situation.
La ‘‘saccagea'' actuelle dans les programmes de recherche scientifique copiés mot à mot de la recherche française est un exemple du bon travail du zamar dans nos universités. Diwan Zamar ferme les yeux sur le flot de drogue marocaine qui inonde le pays.
Ce flot est la cause du désordre dans nos universités, nos écoles et nos lycées. Les zamars n'ont jamais débattu ou discuté sérieusement ce problème.» Etonné par ces paroles, l'enfant regarde son papa avec respect et dit : «Comprendre le type d'expression politique de Diwan Zamrou implique que nous concevons le cadre dans lequel il s'expose. Après conception, nous pouvons le ramener à sa juste valeur dans le temps et l'espace de l'Etat. Ce Diwan annonce un tournant très important dans notre l'histoire.
Tenons-nous prêts à accueillir l'incertain et demeurons attentifs à l'usage positif de la crise dans le FLN catalysée par ce Diwan. La nature est un très bon maître. Elle nous enseigne une loi physique qui mérite une réflexion.
La matière légère monte et s'élève. C'est le cas de la fumée. Diwan Zamrou n'est qu'une fumée passagère. La force d'ascension politique de ce Diwan et ses liens entre la flatterie politique et la diplomatie des salons donnent une forme un peu ironique à la politique algérienne ces jours-ci.
Le rôle de ce Diwan a alimenté et alimente encore d'importants débats. Remuer une telle question avant l'élection présidentielle fournit au peuple l'occasion non seulement de prendre position sur les conditions et les modalités légitimes de son engagement politique, mais aussi de dire ce que doit être la politique dans le futur proche chez nous, ce qu'est ou ce que doit être un Président dans l'avenir ? Cette question renvoie en effet inévitablement à dérouler le fil des interrogations sur la définition du futur du Président, sa fonction ou encore sur les (bonnes) raisons qui lui donnent un droit de gouverner un pays aussi important que l'Algérie.»
Le fils regarde son papa et lui rappelle les paroles d'un zamar hypocrite qui venait souvent chez eux pour raconter les choses qu'il ne peut pas dire en public : «Comme les moines du Moyen-âge, les chefs du Diwan Zamrou nous donnent des ordres véreux et peu coutumiers. Nous obéissons sous influence ou confiance prétendue. En cas de pépins, les chefs de ce Diwan se retirent propres, impunis et saints au paradis du Château de Grâce de Bouteflika.»
Comme toujours, à la fin de tout folklore politique, le peuple paye la facture de leur auguste escroquerie dans un quotidien d'enfer sombre et clos. Le sac de lait et le sac poubelle sont bien une image de cet enfer. Ces deux sacs perturbent la politique algérienne et le quotidien du citoyen. Le sac de lait contient un litre d'eau des barrages mélangé à 100 grammes de lait en poudre importé de France ou de Nouvelle-Zélande.
Diwan Zamar n'a pas le courage politique de Boudiaf pour dénoncer les fantômes corrupteurs qui sont derrière l'industrie de ce lait. Son discours politique plat va certainement faire rire la vache algérienne pour produire du bon fromage comme la vache française. Quant au sac poubelle, c'est une longue histoire. Le sac poubelle contient plus de déchets politiques que de déchets ménagers. Il se trouve partout quand Zamar Bouzouar se montre incapable de le gérer.
Généralement, les enfants réagissent de la même manière. Un autre enfant demande à son papa de lui expliquer ce qui se passe en Algérie. Le papa, un RND, rodé par la malice, commence sa leçon. «Ce ne sont pas des tapeurs de casseroles qu'il nous faut en Algérie, mais de vrais stratèges qui font sortir l'Algérie de son impasse.
Bien que les affaires de corruption ne nuisent pas toujours à la carrière des hommes politiques au sein de mon parti, j'ai décidé de me retirer à temps car le faux ne dure pas. Il suffit de lire les écrits sur les bulletins de vote pour faire le constat. Les électeurs braillent contre la corruption et condamnent les corrompus. Ils expriment la lassitude et la perte d'illusions sur la moralité de leurs représentants mais personne ne les écoute.
La politique du déjà-vu domine notre quotidien et nos politiciens copient sur la politique française. Ils l'appliquent à la lettre chez nous. En France, on parlait de ‘‘prime à la casserole'' à propos des élus condamnés par la justice, puis réélus. A titre d'exemple, Alain Juppé est démissionnaire en 2004 lorsqu'il est condamné à quatorze mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité en tant que secrétaire général du RPR.
Alain Juppé est réélu maire de Bordeaux en octobre 2006 dès le premier tour, et réélu, en 2008, toujours au premier tour. Chez nous, c'est la même chose. Le FLN et le RND ont proposé des repris de justice corrompus en tête de liste aux élections législatives. Ils occupent avec fierté le sommet de ces partis. Ils nous donnent des leçons dans le nationalisme et le militantisme. Ils ont transformé les partis en Diwan Zamrou. Chez les Zamrou, tout est possible.
Un beau jour, les Algériens vont applaudir Chakib comme Président. Quand j'ai réalisé que la musique des trompettistes maladroits ne fait plus dansotter merveilleusement Bouteflika sur la pointe du pied, j'ai jeté dans la poubelle le chapelet politique qui trompait les gens. Je regrette profondément mes actes.
Pour que Dieu m'accorde sa grâce, je demande un pardon aux Algériens. Je te demande fiston de graver sur ma tombe la phrase de bonne gouvernance qui a ruiné notre empire. Je ne me suis jamais senti visé dans cette affaire de corruption, ni moi, ni le clan présidentiel».
«Papa, ne pense pas à la mort ! Tu es encore jeune et en bonne santé. Tu sais qu'au pays de la Baraka la vie politique est souvent orchestrée par les mourides et les ‘‘cacerolazos'' qui chantent ‘‘Le roi est mort, vive le roi !». En langage algérien, le mouride est un aspirant qui cherche, sous la coque des apparences, les privilèges que le système lui offre sur un plateau argenté après toute élection truquée. En langue espagnole, les cacerolazos sont des tapeurs de casseroles.
Les cacerolazos sont connus chez nous. Ils défendent leurs intérêts par la force de la langue de bois qui fait vibrer les cuillères sur leurs casseroles. Heureusement pour nous, les pragmatiques nous mettent en garde. Ils le disent à haute voix : ‘‘La majorité des Algériens est éveillée. Mais pour plus de vigilance, les électeurs doivent se protéger contre l'odeur du parfum de ‘‘déjà-vu'' avant d'aller aux urnes.
Ce parfum politique attaque la partie du cerveau responsable du la conscience politique en période électorale. Il se vend dans des kiosques gérés par des mourides ou des cacerolazos.» Etonné par le raisonnement logique de son fils, le papa respire profondément et
dit : «Ces gens n'existaient pas chez nous, et continue : ces trompettistes trempent les cerveaux des électeurs dans une eau froide.
Après la trempe, ils soufflent du vent dans leurs trompettes pour tromper les spectateurs dans les campagnes électorales. La France coloniale a utilisé ce type de parti pour séjourner 132 ans en Algérie. Fiston, je te conseille de ne jamais débattre tes idées politiques avec les Zamar. Si tu le fais, ils font te rabaisser à leur niveau.
Une fois à leur niveau, ils te battront par leur expérience dans la filouterie et la malice. En conclusion, si j'ai à choisir entre le B de Benflis, le B de Belkhadem et le B de Benbitour, le choix est difficile. J'ai un grand respect pour le B de Belkhadem. Il me rappelle mon enfance à Sougueur quand j'étais collégien. J'ai peur que ma sympathie innocente envers Belkhadem me case dans le camp des régionalistes, alors que je ne le suis pas. Sans cacher la vérité, le B me rappelle la chaîne corrompue Khalifa TV et ses scandales.
Cette chaîne se montrait pro-Benflis au moment où les Algériens se battaient pour Bouteflika à Alger. Dans ma mémoire, la photo de Benflis miroite Depardieu. Le B me rappelle aussi le pessimisme chez Benbitour qui présage l'Algérie dans son monde théorique comme une Liberia durant les années 1980. Le S de Sellal me donne l'envie de siffler par contre le H de Hamrouche me rappelle ses réformes courageuses dans un moment très difficile. Le H chez Haroun me fait penser au courage d'un homme qui demande à Bouteflika de parler.»


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