L'eau est trop chère, buvons du mazout. Ce qui pourrait être le slogan de l'Algérie 2007 explique un peu les dérèglements. « Il y a tellement de pétrole qu'on trouve maintenant des hydrocarbures dans les robinets d'Alger. » Ce constat d'une ménagère au chômage forcé a quelque chose d'assez triste pour le noter en cette nouvelle rentrée. Il y a du pétrole, beaucoup, il y a de l'argent, énormément, il y a des hommes et des femmes compétents, de la terre, des arbres, de la pluie, de l'amour, de la mer et des choses à construire, par millions. Et pourtant, l'Algérie ne semble pas vouloir décoller, clouée au sol pour mauvais temps, soumise aux caprices des puissants, accrochée au bout des lèvres de son président pour savoir ce qu'il faut faire. Cet immense gâchis qui dure depuis si longtemps a de quoi désespérer les jeunes écoliers. La mafia, en perpétuel mouvement pour échapper à l'encerclement des sages, formulait sa stratégie en ce sens : « Il faut tout changer pour que rien ne change. » C'est en gros ce qui se passe ici. Des projets permanents, des réformes toujours en cours et des chantiers jamais finis. Malgré un mouvement incessant de walis, que l'on déplace d'ici pour mettre là-bas, à tel point que certains ont mal aux mollets, rien ne semble changer. Les budgets de wilayas et d'APC ayant explosé, on a du mal à comprendre que peu de choses se fassent. Un président d'APC de la région de Ghardaïa avait eu cette horrible phrase : « J'ai de l'argent, mais je ne sais pas quoi en faire. » Comment, alors que des enfants marchent encore pieds nus dans les campagnes, peut-on parler comme ça ? C'est que la fatalité de la gestion a été ancrée dans la tête des gouvernants : les autorités ne sont pas là pour apporter du bien-être mais pour contrôler la population. Mangeons nos espoirs. S'ils sont difficiles à ingurgiter, faisons les passer avec du mazout.