Siga, la capitale de Syphax, le premier grand aguellid numide connu (entre 220 et 202 av/JC), va-t-elle être soustraite de sous le manteau de limon qui la couvre depuis des siècles pour enfin révéler un très large pan de l'histoire antique de notre pays? C'est ce que laisse espérer la visite d'une délégation d'archéologues tchèques sur les trois broussailleuses collines où elle repose dans l'oubli. Feront-ils parler ses pierres et ses débris enfouis à quatre kilomètres de l'embouchure de La Tafna sur sa rive gauche? L'opération est essentielle au moins pour confirmer ou infirmer une histoire de la Numidie, et du royaume masaesyle, qui a été écrite par le vainqueur romain. Cependant, de cette première de reconnaissance à la tête de laquelle il y avait le directeur du musée national tchèque, on ne sait ce qui en ressortira. Ce qui a été dit par contre, c'est qu'elle s'insère dans le cadre d'un mémorandum d'entente de coopération algéro-tchèque dans le domaine du patrimoine culturel. Sur Siga, l'objectif n'est pas directement opérationnel puisqu'il s'agira d'abord de développer des axes de recherches archéologiques en vue, éventuellement, de dégager des thèmes de recherche et des propositions pour la prospection et des fouilles archéologiques. Pour rappel, depuis l'indépendance, le site de Siga n'a fait l'objet de fouilles qu'en 1978, lesquelles ont d'ailleurs été engagées par une équipe algéro-allemande. Auparavant, les premières vraies fouilles ont été effectuées par Pierre Grimal en 1937. Il avait alors relevé que la population de Siga devait être d'environ 8.000 habitants, ce qui est considérable dans l'antiquité. Par ailleurs, le sondage qu'il a effectué a montré l'existence d'édifices sur plusieurs étages: «Sur plus de 4m50, je n'ai pas rencontré le sol vierge», a-t-il indiqué. Il nota que les ruines mises au jour et les objets trouvés se classent en deux catégories : ceux qui sont numides et ceux qui sont d'importation romaine puisque deux civilisations se sont superposées à Siga. Mais surtout pour ce qui concerne la civilisation numide qu'on ne connait que par les écrits romains, Pierre Grimal assure que les ruines enfouies «peuvent nous donner de précieux documents sur la civilisation numide, à peu près pure».