Le chaâbi retrouve sa place à Alger - la ville où il est né - durant ce mois du Ramadhan. Le chaâbi, comme l'andalou, résiste à la Waï waï Republic. La Tahtaha de la pêcherie accueille chaque soir les mélomanes qui se regroupent autour d'un thé, d'un café et d'un kalbalouz, manière de se rappeler un peu les souvenirs d'un passé algérois qui avait les senteurs du jasmin, de la menthe et de l'eau d'oranger. Les tables sont installées en face d'une scène où des musiciens prennent déjà place. Derrière, les lumières de la côte Est d'Alger brillent de mille feux. The Island, le nouvel espace «branché» du Club Espadon, est également visible. Cette île flottante, sponsorisée par un opérateur de téléphonie mobile, accueille son public select mi-argent, mi-or «éloigné des bruits de la ville». A la Tahtaha, l'autre public attend le passage de Nacerdine Galiz. L'Etablissement Arts et Culture d'Alger a élaboré un programme spécial chaâbi pour cet espace considéré comme «un carrefour des artistes» situé au port de la capitale. Les prochains jours seront sur scène, chaque soir à partir 22h30, Tahar Zahani, Zerouk Mokdad, Nacer Mokdad, Fayçal Hadroug, Aziouz Raïs, Hamid Laïdaoui, Kamel Belkhiret, Kamel Aziz et d'autres. Nacerdine Galiz a entamé son tour de chant avec un mdih Inta sayed koulou sayed avant d'enchaîner avec Yaya iji n'har, puis avec un m'khiles Idha kounta achik. Il a ensuite repris avec le qcid Nada wakt esrour, puis Boussalef Kenza. Le public a demandé à Nacerdine Galiz de reprendre quelques chansons du regretté El Hadj El Hachemi Guerrouabi. Il a choisi d'interpréter Allo, allo, Ya el warka, El Barah et Djib rassek liya, avant de terminer avec des mkhilsat Achek halou meskine et Zahwa Zahwa. Zahwa Zahwa, qui se veut un hommage aux anciens chanteurs d'Alger et aux qaâdate d'autrefois, est un extrait du dernier album de Nacerdine Galiz Fih amel (Il y a de l'espoir), sorti cette semaine aux éditions Dounia. «Je prévois d'organiser un spectacle de présentation de cet album après le mois de Ramadhan. C'est un album porteur de chansons chaâbies avec un peu de critique sociale. J'ai fait un duo avec Badji Bahri pour la chanson Ya hasrah alik ya dzaïr. Il y a aussi un hommage à l'artiste Taleb Rabah avec la reprise de la chanson Yelli Rabbi Dhemmi. Je donnerai prochainement un concert à Tizi Ouzou consacré à Taleb Rabah», nous a annoncé Nacerdine Galiz. Auteur compositeur, Taleb Rabah a débuté sa carrière musicale en France dans les années 1950, aidé par Amraoui Missoum. Missoum qui a soutenu plusieurs autres artistes algériens vivant en France, comme Dahmane El Harrachi. Pour son nouvel album, Nacerdine Galiz a fait appel aux arrangeurs Farid Yamani et Saïd Bouchelouch. Il a sollicité aussi les paroliers Nouredine Boudissa, Yacine Ouabed et Keddour Frah (celui qui a écrit Echmaa de Kamel Messaoudi). «Je pense qu'il existe une relève dans le chaâbi. Notre génération, celle de Mourad Djafri, Kamel Messaoudi, Sid Ali Lekam et d'autres a pris le relais des chioukh. Je suis optimiste pour les jeunes et je leur fais confiance. Le chaâbi est comme un roseau, il plie mais ne rompt pas. Le chaâbi refait toujours et à chaque fois surface», a soutenu l'artiste. Le vendredi 26 juin, Nacerdine Galiz sera en concert à la salle El Mougar. La soirée sera marquée aussi par la présence de Aziouz Raïs. Les concerts de la salle El Mougar sont organisés par l'Office national de culture et d'information (ONCI). Nacerdine Galiz ira ensuite à Blida, puis à El Kala pour d'autres concerts.