Nous voici donc arrivés au terme de I'un de ces ultimatums délivrés en cascade à l'Iran par la Communauté occidentale — pardon ! la « Communauté internationale », même s'il manque plusieurs milliards d'êtres humains pour faire le compte… A sa façon, le président iranien Ahmadinejad avait déjà anticipé la réponse iranienne, en inaugurant il y a à peine une semaine l'unité de production d'eau lourde près d'Arak, indiquant clairement par ce geste, délivré à l'adresse de l'opinion mondiale, que l'option de la République islamique l'Iran pour la maîtrise et le développement scientifique et technologique de lran constitue une option d'ordre stratégique, c'est-à-dire une option globale et tous azimuts, non limitée, par conséquent, au seul domaine du nucléaire, fut-il militaire. Concernant ce dernier domaine en particulier, le message est tout aussi limpide si on peut dire — à savoir que le choix iranien reste ouvert sur l'une comme sur l'autre des deux technologies parallèles des réacteurs nucléaires : 1 la technologie fonctionnant à l'eau légère (normale), mais exigeant l'utilisation de I'uranium enrichi — entre 3 à 5% d'U 235 — produit à partir des techniques complexes et pointues de la centrifugation. 2 la technologie fonctionnant à l'eau lourde, — molécule D20 au lieu de H20 — du nom de l'hydrogène dit « lourd » ou deterium (D), atome qui a la particularité d'avoir un neutron et un proton, alors que l'hydrogène normal n'a qu'un proton unique. Dans l'eau à l'état naturel, iI y a seulement 1 deterium pour 6400 hydrogènes. La technologie des réacteurs fonctionnant à l'eau lourde a été souvent qualifiée de « technologie des pauvres », dans la mesure où elle permet de contourner l'enrichissement en utilisant directement de l'uranium naturel (qui titre seulement 0,7% de U 235). Cela, grâce à la propriété atomique de l'eau lourde qui n'absorbe que très faiblement les neutrons, et permet par conséquent de soutenir une réaction nucléaire en chaîne. C'est le cas des réacteurs de type CANDU (Canada Deuterium) développés par le Canada, devant le refus américain de lui transférer la technologie de l'enrichissement. Des réacteurs à l'eau lourde sont utilisés aujourd'hui un peu partout dans le monde pour la fabrication de plutonium fissile à partir de I'uranium. C'est d'ailleurs précisément cette technologie du plutonium fissile qui a été à la base de la fabrication des bombes nucléaires d'Israël, de l'Inde, et du Pakistan entre autres. Or, ce qui heurte le sens le plus élémentaire de la logique et de la justice dans cette affaire, c'est que les trois pays cités plus haut, qui ne sont pas signataires du Traité de non prolifération — TNP — , ont pu se pourvoir d'armes nucléaires sans que cela ait en quoi que ce soit ébranlé les bonnes consciences ; ni celle de l'A.I.E.A, ni celle du Conseil de sécurité, ni celle des Etats-Unis, ni celle de l'Union européenne. Pourquoi alors l'Iran, pays signataire du TNP, n'aurait-il pas le droit, lui, d'effectuer sur son propre territoire national, dans ses propres laboratoires et sous le contrôle de I'A.I.E.A, — conformément aux clauses dudit Traité — les opérations d'enrichissement de l'uranium qui constituent l'étape la plus fondamentale dans la maîtrise des technologies nucléaires ? il n'y a pas mille réponses à une telle interrogation : Il n'y en a qu'une, et une seule : Il y a une volonté farouche des Etats-Unis et de certains Etats européens d'empêcher l'intrusion d'un Etat musulman dans la voie royale de la physique fondamentale qu'est la physique atomique ; cette physique atomique qui a induit pour l'essentiel, depuis plus d'un demi-siècle, les découvertes et les applications majeures qui ont conditionné l'avancée de toutes les autres branches des sciences et des technologies de pointe qui continuent de révolutionner notre monde d'aujourd'hui et notre vie quotidienne. C'est en effet la seule explication qui s'impose, dans la mesure où, du point de vue du Droit international, la République islamique d'Iran est tout à fait dans son bon droit, aux termes mêmes de l'article IV, alinéa 1er du Traité, où il est clairement précisé : « Aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les parties au Traité, de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination, et conformément aux dispositions des articles I et Il du présent Traité. » Maintenant, et au-delà de ces considérations d'ordre purement technique ou juridique, cette crise du programme nucléaire iranien vient confirmer une fois de plus, s'il en était encore besoin — au vu des tragédies qui ont lieu quotidiennement, en Irak ou en Afghanistan, en Palestine ou au Liban — que le problème central qui est au cœur de tous les autres en matière de dégradation des relations internationales, c'est la dérive régalienne et la corruption morale d'un système institutionnel international, aujourd'hui de plus en plus gouverné par les intérêts — ou les errements — des « puissants », en particulier les membres permanents du Conseil de sécurité, et de moins en moins soucieux d'éthique, de droit ou de justice. Un système institutionnel international au sein duquel les facteurs d'influence d'ordre territorial et logistique, financier et médiatique qui jouaient déjà en faveur des Etats-Unis ont été décuplés depuis la fin de la bipolarité idéologique et géostratégique dans le monde, consécutive à l'effondrement sociopolitique et économique de l'ex-URSS et de ses satellites de l'Europe de l'Est, ces derniers étant en cours d'absorption pure et simple par une Union européenne qui prend de plus en plus elle-même d'ailleurs des allures de vieux continent sur le déclin, en voie de satellisation avancée par les Etats-Unis. Aussi, et face à cette situation d'arbitraire discriminatoire et inquisitoire flagrants, on ne peut s'empêcher de s'interroger : Au nom de quoi, L'Iran ou toute autre nation émergente seraient-elles interdites d'exercer leur droit naturel à l'accès au savoir, y compris au savoir lié à la technologie nucléaire, au prétexte fallacieux de risque de prolifération des armes nucléaires, invoqué par ceux-là mêmes précisément, qui détiennent suffisamment d'armes nucléaires — et autres armes terrifiantes — pour faire sauter plusieurs fois la planète ou faire disparaître toute trace de vie sur Terre ? Si demain l'Iran ou toute autre nation émergente devaient édifier des laboratoires avancés en matière de recherche biologique, l'Occident ne va-t-il pas là aussi crier au danger en les accusant de préparer une « guerre » biologique ? Pourquoi les chantres de la non-prolifération nucléaire comme les Etats-Unis crient-ils plus fort que les autres quand chacun sait que ce sont les Etats-Unis qui ont le triste privilège d'être à ce jour la seule nation à avoir fait usage de l'arme atomique comme ce fut le cas à Hiroshima et Nagasaki, puis, récemment, des bombes à l'uranium appauvri en Irak et en Afghanistan ? Pourquoi ce même Occident donneur de leçons se garde-t-il en revanche d'exprimer la moindre condamnation quand il s'agît des actes de guerre criminels, régulièrement perpétrés par l'année sioniste d'Israël contre le peuple palestinien et plus récemment contre les populations civiles du Liban dont le territoire sud vient d'être truffé à dessein, de milliers de bombes à fragmentation qui continuent de tuer des innocents. Au nom de quelle conspiration du silence, le Conseil de sécurité des nations unies, en tant qu'institution internationale responsable de la sécurité mondiale, ne s'est-il jamais déclaré saisi d'office, — ainsi que l'habilite sa mission de sécurité — du dossier nucléaire militaire israélien, lorsque tout le monde sait qu'Israël détient un véritable arsenal, — édifié avec la complicité des Etats-Unis et de la France — estimé à quelque 200 ogives nucléaires capables d'atteindre toutes les capitales arabes, y compris au Maghreb ? Pourquoi les médias occidentaux — en grande partie dominés par les capitaux sionistes — cherchent-ils à tromper l'opinion publique mondiale en qualifiant abusivement les Etats-Unis et leurs supplétifs de « communauté internationale », comme si le reste des hommes qui constituent plus des quatre cinquièmes de l'Humanité ne comptaient pas ? Ces interrogations, personne n'empêchera les consciences libres de ce monde de se les poser. Pas même M. Bush, ni les gourous du « sionisme chrétien » qui se profilent derrière son clan d'aventuriers et de va-t-en guerre, et qui finiront, tôt ou tard, par être rattrapés par la justice des Hommes, avant celle de Dieu.