Articles critiques, dettes auprès des imprimeries et chèques sans provision et des chaînes de télévision en faux avec la loi : le groupe médiatique Echorouk vit des moments difficiles. Le journal, premier produit du groupe, fait face à la réduction drastique de la publicité publique de la part de l'ANEP. Un geste que des observateurs ont interprété comme une volonté des autorités de faire pression sur un média qui ne s'interdit rien. Le journal arabophone, théoriquement premier tirage du pays, a pourtant des travers. En plus d'une lourde ardoise laissée auprès des imprimeries de l'Etat (des sources internes aux imprimeries évoquent 80 milliards de centimes), la direction de l'entreprise s'est même permis d'émettre des chèques sans provision. La direction de la société Simpral, qui appartient à l'Etat, a adressé, le 21 juin dernier, un courrier dont nous détenons une copie, sommant la direction d'Echorouk de régler le problème de trois chèques sans provision d'une valeur de 1,9 milliard de centimes. «Le problème s'est posé au niveau de la banque. Nous l'avons réglé. C'est une futilité pour nous», se justifie Ali Fodil, directeur général d'Echorouk. Ce dernier explique même que des «annonceurs nous donnent des chèques sans provision». Une manière de signifier que cela fait partie des aléas de la gestion quotidienne. L'homme, qui investit des milliards de dinars dans des programmes de télévision, laisse pourtant des milliards de dettes chez les imprimeurs publics. Les états de la Simpral, à eux seuls, montrent une dette de 27 milliards de centimes à la fin du mois de mai dernier. Plus globalement, la société doit payer près de 80 milliards de centimes aux imprimeries de l'Etat. «Faux», répond Ali Fodil, qui estime ses dettes à 400 millions de dinars (40 milliards de centimes). Un chiffre «normal», selon le responsable, qui explique que son journal ayant un «grand tirage», il paie en moyenne «40 millions de dinars par mois». D'où viennent alors ces informations ? Ali Fodil pense qu'il s'agit de «jalousies» venant de ses confrères. «Normalement, l'Etat algérien doit me féliciter. Moi, je ne fais pas partir mon argent à l'étranger. Je ne mets pas cet argent dans ma poche. Je l'investis dans mon pays pour créer de l'emploi», soutient-il. Pour se défendre des accusations de donner la parole aux intégristes, le directeur d'Echorouk a eu une attitude pour le moins étrange. «Pour moi, Hamadache est un charlatan. C'est l'Etat algérien qui le laisse parler, car si cela ne tenait qu'à moi, je ne l'inviterai plus. Mais je laisse la liberté aux journalistes», dit-il. Pourtant, c'était sur les ondes d'une radio qui appartient à son groupe que le salafiste a demandé l'ouverture d'une ambassade de Daech en Algérie. Les chaînes d'Echorouk font partie des télévisions privées ciblées récemment par une mise en garde du ministère de la Communication qui leur intime l'ordre de cesser de répercuter un langage de violence.