Plusieurs journaux privés risquent de mettre la clef sous le paillasson. Les sociétés publiques d'impression font pression sur des journaux qui ne sont pas à jour dans le paiement de leurs factures d'impression. Le journal El Fadjr est le premier à en payer les frais. Sera-t-il le seul ? En tout cas, ce journal arabophone n'a pas été tiré, hier, pour cause de créances impayées. «Effectivement, nous avons reçu une mise en demeure de l'imprimeur du Centre pour régler notre dette. Pourtant, nous avons signé une convention portant le règlement de ces factures impayées sur plusieurs échéances. Hier, j'ai été surprise d'apprendre que mon journal n'est pas tiré», affirme Hada Hezam, directrice de publication du quotidien. «Le directeur de l'imprimerie m'a appelée pour me dire de régler le problème avec le responsable financier de son entreprise. J'attends, personne ne me reçoit», confie la directrice, contactée en début d'après-midi. Hada Hezam atteste qu'elle a pourtant respecté l'échéancier établi depuis octobre. Le directeur de la Société d'impression d'Alger, Abdelkader Mechat, dont le téléphone est resté fermé tout au long de la journée, avait affirmé sur le site TSA que «le journal (El Fadjr) a une dette de cinq milliards cinq cents millions de centimes. On lui a envoyé un huissier et un délai lui a été donné. Le journal ne sera pas imprimé aujourd'hui (lundi) à la SIA». Pour sa part, Mme Hezam persiste à croire que «le problème est apparemment politique». La directrice menace d'entamer une grève de la faim si le journal ne paraît pas aujourd'hui.L'un des plus gros tirages de la presse algérienne, Echourouk, serait concerné lui aussi par les pressions de l'imprimerie. Ce journal, qui a réduit son tirage ces derniers temps, reconnaît avoir des dettes. Mais son directeur général, Ali Fodil, contacté il y a quelques jours par téléphone, indique qu'il a «un échéancier» qu'il respecte. L'imprimeur, lui, fait tonner un tout autre son de cloche. «Echourouk n'a pas respecté l'échéancier et a d'abord remis des chèques sans provision. Je lui ai envoyé une mise en demeure il y a près d'une semaine. Aujourd'hui vers 16h, il les a remplacés par un chèque de six milliards cinq cents millions de centimes», a déclaré M. Mechat au site TSA. Du côté du ministère de la Communication, on préfère réduire l'affaire au simple aspect commercial. «Le ministère n'a aucune relation avec cette affaire. C'est une question typiquement commerciale», a répondu Hamid Grine, hier à l'APN, à une question d'un journaliste. «Il n'y a aucune instruction. Les imprimeries sont libres d'agir dans le cadre de leurs relations commerciales avec les éditeurs», explique Madjid Bekhouche, chargé de communication du même ministère, joint par téléphone. Selon lui, ces informations colportées dans les milieux de la presse relative à des opérations de représailles contre certains titres de la presse sont dues à «de mauvawises interprétations» générées par les dernières sorties du ministre, Hamid Grine. Ce dernier a estimé, lors d'une récente sortie médiatique, que les critères de la «distribution de la publicité publique» allaient être revus. Le ministre est allé jusqu'à affirmer que la «crédibilité et le tirage» seront les premiers critères à prendre en compte. Est-ce à dire donc que tous les autres titres de presse, soit près de 140, sont en règle avec les imprimeries de l'Etat ? Wait and see..