On s'émeut devant la culture de la fraude dans les examens de fin d'année, le fameux «bac 3G» notamment, mais on feint d'oublier qu'il s'agit, en fin de compte, d'un sport national qui gangrène tous les pans de la société, encouragé par la passivité manifeste de l'Etat. A l'université, censée abriter la crème de l'intelligentsia, il n'y a pas seulement des étudiants fraudeurs mais on croise aussi des enseignants qui excellent dans le «copier-coller» en «siphonnant» le travail d'autrui pour atteindre le grade de professeur. Même l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine n'est pas épargnée. Un scandale vient d'éclabousser ce campus dédié… aux sciences islamiques ! Une affaire de plagiat incriminant un enseignant au rang de professeur a, en effet, été découverte dernièrement, a-t-on appris de source sûre. Une commission paritaire s'est même réunie il y a quelques jours et a officiellement confondu l'enseignant indélicat. Après débat et conformément à la réglementation en vigueur, «il a été décidé de rétrograder l'enseignant, pour que cela serve de leçon et pour dissuader éventuellement d'autres enseignants d'agir de la sorte», nous dit-on. Une sentence a priori clémente pour un enseignant qui risquait l'exclusion. Pour d'aucuns, cette décision est néanmoins pleine d'enseignements puisque la direction de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader a pris ses responsabilités en sanctionnant le fraudeur au lieu d'étouffer l'affaire. Une célérité qui renseigne sur la volonté du staff dirigeant de sévir au plus vite pour tenter de redorer le blason d'une université que cette malheureuse affaire de plagiat risque de ternir. Le plagiaire a été démasqué à la faveur, nous dit-on, du Salon international du livre organisé récemment à Constantine. Le lien ? Un livre que l'enseignant en question a fait éditer au Liban, mais le hasard a voulu que cet ouvrage atterrisse entre les mains des véritables auteurs des textes plagiés ! Le livre comporte des écrits que le professeur s'est approprié mais qui sont l'œuvre d'autres enseignants de l'université des sciences islamiques de Constantine qu'il a siphonné en y apposant sa signature. Bien que cette affaire de plagiat soit la première du genre au sein de l'université des sciences islamiques de Constantine, les fraudeurs sont partout. On citera, pour rappel, le cas d'un docteur de l'université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem pris en flagrant délit de plagiat par des étudiants, comme cela avait été rapporté, en janvier dernier par certains médias dont El Watan. Cet enseignant indélicat avait copié une lettre du doyen d'une université d'Irak et «pompé» quelques passages d'une autre lettre du doyen de l'Ecole irakienne des Beaux-Arts. Cela nous amène à évoquer, également, la scandaleuse affaire de plagiat, qui avait secoué en novembre 2012 les arcanes du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), en la personne du directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique de l'époque, le professeur Hafid Aourag. Ce cadre du ministère avait été confondu à l'occasion d'un colloque national sur le plagiat, pour les besoins duquel il aurait repris dans son intégralité un texte «emprunté» au ministère français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. De la base au sommet, le plagiat fait désormais partie des mœurs en Algérie, encouragé par «la paresse intellectuelle», dixit le docteur Ahmed Rouadjia, un professeur d'université qui avait dénoncé la banalisation du plagiat au sein de l'université algérienne à travers une contribution publiée en février 2012. Il avait notamment mentionné le cas du LMD, «une imitation, une sorte de plagiat de mauvais goût opéré par le MESRS, appliqué à la sauvette, et non un projet de réforme original dont il pourrait revendiquer avec fierté la paternité».