Madjib Boulfoul ? C'est d'abord un sourire. Un sourire généreux qui, jamais ne quitte ce visage familier du vieux Skikda. Madjid c'est aussi cette façon «distinguée» de s'exprimer en alliant «la bienséance» au vocabulaire riche et nuancé des Chioukh. Normal, quand on côtoie des maîtres du Malouf tels Si Abderrahmane Bencharif, Baâziz Ténor et Majid Azzouz, on cumule, spontanément, et l'art et la manière. Majid a aussi accompagné les El-Fergani, Bennani, Dahmane El Harrachi, Chercham, Tamache, El Ankis, Bourdib, Meskoud et tant d'autres maîtres du malouf et du Chaâbi. Une vraie richesse ! Pour revenir à Majid, l'enfant, il a vu le jour en 1949 à Oued M'dini sur la corniche supérieure de Stora. Avec ses 5 frères et sœurs, il quittera ce premier toit au départ du père, Aâmi Hocine, au maquis de la Révolution. Majid se retrouve à Skikda et «navigue» entre l'école communale du centre-ville et celle d'El Kobbia. C'est à l'indépendance, qu'il se découvre des penchants musicaux. Il faut dire que Skikda des années 1960/1970 grouillait de musiciens, de «Lalyines» (musiciens) et d'autant de troupes. Mais, c'est chez les Scouts que Majid «câlina» pour la première fois une mandoline. Un coup de foudre qui le secoua alors qu'il avait juste 15 ans et depuis, l'histoire du Cheikh suit son cours comme une belle Nouba tranquille. Un passage à chacune des écoles de l'époque Après, Majid va s'initier à l'école conservatrice de Azzouz, ensuite à celle, plus rigoureuse de Ténor et enfin, à l'académique de Si Bencharif. De belles enseignes quoi ! Ses premières scènes, il les fera avec la troupe des quatre frères Boukadcha. En 1968, il s'essaya à la variété au sein de la troupe de Mouloud Bacha avant que Badar Boughanjioua et Malek Naïmi ne viennent lui proposer de rejoindre la prestigieuse troupe «El Moustakbel El Fenni»(l'avenir artistique) de Boubayou, domiciliée à l'époque à Dar Grosso. «C'est avec cette troupe que nous avons joué pour la première fois une Nouba Rasd authentique à Skikda sous la direction de Si Bencharif », aime-t-il à ressasser. Majid ne s'arrêtera pas à cette expérience et poursuit sa quête musicale avec d'autres maîtres locaux au sein de la troupe «orchestre populaire de Skikda» de Aliouat Oudjani avec Rabah Aliout, Amar Aouiène, Saci Azzouz et d'autres encore. C'était les années 1970. Puis, il changea de registre pour épouser le Chaâbi avec la troupe «El Afia» de Lahmar Salih, qui remporta en 1989, le second prix au festival national de la musique Chaâbi de Blida. Majid poursuivra sa diversité musicale en revigorant son premier amour de la Sanaâ algéroise. Il fera alors partie de la troupe «El Fen oua El Assala», créée en 2002 et mise en veilleuse depuis, faute de….local de répétition. Majid, à la retraite, prend cependant sa revanche sur cette disette culturelle qui s'est emparée de Skikda ces dernières années et se targue d'avoir trois enfants musiciens. Il assure ainsi, contre médiocrité et oubli, la continuité de l'une des plus belles pages culturelle de Skikda. La vraie !