A la faveur de la tenue de la dixième édition du Festival culturel national de la chanson chaâbie qui s'est tenu du 25 au 30 juin 2015 au niveau de l'espace Agora de Riad El Feth à Alger, le chanteur Abdelkader Chaou nous a accordé cet entretien express. - Vous êtes convié pour la deuxième fois en qualité d'invité d'honneur de ce Festival culturel national de la musique chaâbie... Je dirais que c'est un honneur de participer pour la deuxième fois à la soirée de clôture de ce dixième festival dédié à la musique chaâbie. Je tiens également à souligner que si je suis là ce soir, c'est également grâce à mon métier que je pratique avec abnégation et amour depuis quelques années déjà. - Quelle est votre appréciation sur les lauréats de cette édition 2015 ? Je pense que le festival en lui-même est une entité. C'est le creuset des jeunes talents. Le niveau des trois lauréats est appréciable. Ce sont des jeunes qui ont des voix sublimes. Certes, il est important de dénicher de belles voix, mais il faut un suivi. Il faut suivre et encadrer ces belles voix. Le festival ne doit pas s'arrêter pour eux à la compétition. Il faut sérieusement les prendre en charge à travers des formations et des tournées nationales. Ces tournées doivent se faire avec un chanteur professionnel. Façon singulière de les mettre plus à l'aise. Il faut savoir également offrir à tous ces jeunes la possibilité d'enregistrer un album, suivi d'une bonne médiatisation. Gagner un concours avec la remise d'une enveloppe d'argent ne suffit pas. Il y a d'autres actions qui doivent suivre après ce prix. - Que pensez-vous du châabi qui se pratique actuellement sur la scène algérienne ? Je trouve, de nos jours, que l'imitation dans le chaâbi occupe une place de choix. Il n'y a aucun effort au niveau de la création. Beaucoup de jeunes diplômés des conservatoires et des chanteurs âgés se plaisent à faire dans les reprises. En effet, ils imitent des monstres de la chanson chaâbie, à l'image d'El Hadj M'hamed El Anka, El Hachemi Guerrouabi, ou encore Amar Zahi. Il faut bannir ce genre de pratique qui nuit au châabi. L'Algérie possède d'excellents paroliers et poètes qui ne demandent qu'à mettre leurs textes à la disposition des jeunes. Le poète soufi mostaganémois Lakhar Benkhlouf détenait plus de 3000 poésies. Il faut aller vers ce répertoire sans complexe. On m'a d'ailleurs proposé deux textes de Lakhdar Benkhlouf, que je compte présenter cet été sous la forme d'album. - Abdelkader Chaou a une préférence pour la qassida, mais cependant, avec ce petit faible pour la chansonnette... Avant tout, je tiens à préciser que j'excelle aussi bien dans la poésie que dans la chansonnette. Ce n'est pas donné à tout le monde d'exceller dans les deux. Pour ne rien vous cacher, je pratique la chansonnette dans les mariages et cérémonies mixtes. C'est à la demande des familles qui m'invitent et du public qui assiste à la fête en question. - Quel regard portez-vous sur la relance, depuis mai dernier, au palais de la Culture Moufdi Zakaria de Kouba, de l'Orchestre châabi, sous la direction de l'artiste Réda Doumaz ? Pour ne pas vous mentir, je ne le savais pas. Vous venez de me l'apprendre. Je voudrais bien le voir et l'écouter. Sa médiatisation fait défaut. Pourquoi n'active-t-il pas en ces soirées ramadhesques en faisant des scènes ? Peut-être qu'il se produira après le mois sacré. J'ai hâte de découvrir les musiciens et les chanteurs de cet orchestre. - Quel est le secret de votre timbre de voix ? Je ne saurais vous dire. C'est un don de Dieu. Ceci étant, je prends beaucoup de miel pur. - Le piratage reste le souci majeur de l'ensemble des artistes algériens... Si je n'ai pas produit d'albums depuis quelque temps déjà, c'est à cause du piratage. Mais là, je viens juste de terminer l'enregistrement d'un nouvel album qui sera dans les bacs des bons disquaires après le Ramadhan. Je suis confiant et rassuré car l'Office national des droits d'auteur et droits voisins est aujourd'hui à même de parer au fléau du piratage.