Les drones américains auraient, dans un premier temps, une mission de surveillance, mais ils pourraient ensuite être utilisés pour lancer des frappes contre des cibles appartenant à l'EI. L'Administration Obama n'a finalement pas abandonné son projet d'ouvrir une base militaire en Afrique du Nord. Elle s'active même en ce moment à en ouvrir une le plus tôt possible. La confirmation vient du quotidien américain The Wall Street Journal. Dans un article publié dans son édition d'hier, intitulé «les Etats-Unis veulent des drones en Afrique du Nord», le quotidien américain affirme que Washington est en pourparlers avancés avec des pays de la région pour pouvoir disposer d'une base de drones de surveillance. Les responsables militaires américains auraient avancé à leurs interlocuteurs l'argument selon lequel c'est le seul moyen pour contrôler et combattre Daech en Libye. Selon le WSJ, Washington ne cherche pas forcément à disposer d'une base exclusive. Les Américains pourraient se contenter d'une base déjà existante sous souveraineté du pays hôte qui accorderait aux Etats-Unis la permission de positionner des drones et du personnel militaire américain. Les drones américains auraient, dans un premier temps, une mission de surveillance, mais ils pourraient ensuite être utilisés pour lancer des frappes contre des cibles appartenant à l'EI. Les responsables américains interrogés par le Wall Street Journal ont refusé de nommer les pays avec lesquels Washington est en discussion. Selon le WSJ, il pourrait néanmoins s'agir de la Tunisie ou de l'Egypte, les pays frontaliers de la Libye. Jusqu'ici, aucun pays d'Afrique du Nord n'a, dit-on, accepté la demande des Américains. «Les gouvernements de la région considèrent l'EI comme une menace, mais s'inquiètent d'être plus directement visés par l'organisation s'ils acceptent d'accueillir l'armée américaine sur leur sol.» Il est possible toutefois que la piste tunisienne soit la plus probable. Les Américains ont pu avoir proposé d'aider les Tunisiens à combattre le terrorisme en contrepartie de l'ouverture d'une base pour drones. On voit d'ailleurs mal la Tunisie refuser la demande alors qu'elle vient tout juste d'être «auréolée» du statut d'alliée majeur non-Otan des Etats-Unis. Jonction à éviter Quid maintenant de la menace du groupe terroriste Etat Islamique ? Proclamé il y a tout juste un an dans les régions d'Irak et de Syrie sous son contrôle, l'EI ou le califat islamique a élargi son territoire d'une manière vertigineuse. En avril, le centre de surveillance américain de groupes extrémistes, IntelCenter, indiquait que 21 mouvements djihadistes dans le monde, de taille et d'importance différentes, avaient fait allégeance au «calife» Abou Omar Al Baghdadi. En Afrique, l'un des premiers à avoir fait ce choix est le groupe égyptien Ansar Beït Al Maqdess, qui multiplie les attentats dans la région du Sinaï. Mais le cas le plus emblématique est celui du groupe terroriste Boko Haram au Nigeria, qui a fait ce choix en mars dernier après avoir subi de nombreux revers avec l'offensive d'une force régionale contre lui. Daech s'est implanté également en Libye, avec le Majilis Choura Chabab Al Islam qui s'est simplement renommé Etat islamique en Libye. La crainte aujourd'hui est que Boko Haram fasse jonction avec la «filiale» libyenne de Etat islamique. Pour parer à toutes éventualités, le corps des Marines des Etats-Unis avait obtenu l'autorisation, en 2012, de déployer temporairement sur la base de Moron de la Frontera, située près de Séville en Espagne, une force de réaction rapide d'environ 550 hommes dotée de six MV-22B Osprey et de 2 avions ravitailleurs KC-130J et destinée à intervenir en cas de crise en Afrique. Cette disposition avait été prise dans le cadre d'un accord de défense liant Madrid et Washington depuis 1988. Ce dernier a été récemment amendé afin d'autoriser une présence militaire américaine permanente sur la base. L'annonce en a été faite le 29 mai dernier par le gouvernement espagnol. Le nouvel accord liant les Etats-Unis et l'Espagne prévoit désormais «le déploiement permanent sur la base de Moron d'une force de 2200 militaires et 500 civils, plus 26 avions». Pour rappel, cette Special-Purpose Marine Air-Ground Task Force Crisis Response», installée en Espagne, dépend de l'US Africom, le commandement militaire américain pour l'Afrique.