Les habitants de Ghazaouet, notamment ceux des quartiers ouest de la ville, les plus exposés à la pollution atmosphérique générée par Alzinc, dénoncent énergiquement les émanations toxiques, plus denses encore ces derniers temps, qui empoisonnent leur quotidien. En effet, depuis quelque temps, devant l'indifférence totale de ceux chargés de la protection de l'environnement et les responsables de cette usine, la population s'englue de plus en plus dans une atmosphère polluante occasionnée par la cheminée en forte activité de ce mastodonte. «Nous ne pouvons plus respirer, nous sommes contraints de fermer portes et fenêtres pour ne pas inhaler ces gaz toxiques», déplore Bouziane un habitant des Sables. «Ils nous empoisonnent l'existence. Ils nous tuent à petit feu sans que personne ne lève le petit doigt», tonne un autre. Et d'ajouter coléreux : «Nous somme malades, nos enfants sont tous malades !» De l'avis de tous, les promesses des ministres et responsables de l'environnement qui se sont succédés depuis presque un demi-siècle, pour prendre toutes les mesures qui s'imposent afin de réduire l'effet de cette pollution sur l'environnement et la santé humaine, sont restées vaines. Les responsables d'Alzinc qui, à chaque occasion, exhibaient fièrement leur plan de mise à niveau de l'outil de production et son adaptation aux critères de l'environnement pour la réduction des nuisances, ont failli aussi à leur engagement. L'usine tombe lentement en ruine et continue de polluer comme elle l'a toujours fait depuis sa mise en service il y a 50 ans. Tous, même le corps médical, accusent «le monstre» à l'origine de cette pollution atmosphérique et marine dont les effets sont désastreux tant sur le milieu naturel que sur la santé humaine. Même si aucune étude scientifique n'a été entreprise pour établir la relation entre les émanations des rejets toxiques de l'usine et les pathologies respiratoires de plus en plus fréquentes à Ghazaouet, tous les médecins soupçonnent «cette pollution atmosphérique à l'origine de ces maladies». D'ailleurs à chaque pic d'émanation, les urgences médico-chirurgicales sont prises d'assaut par des malades souffrant de difficultés respiratoires, témoignent des médecins urgentistes. Une autre preuve qui démontre clairement que nos responsables ne se soucient guère de la protection de l'environnement et par ricochet de la santé humaine : il s'agit de la gestion des 400 000 tonnes de résidus solides générés par Alzinc depuis sa mise en exploitation et entreposés sur une falaise surplombant la mer. Le centre de stockage de déchets dangereux devant recevoir ces résidus, annoncé par les responsables en 2005, est toujours à l'état d'une simple étude et les travaux ne sont pas encore entamés. Selon les spécialistes, le transfert de ces déchets nécessite au moins 3 ans, la décontamination du site demande autant d'années. Cela veut dire que, d'ici 2025, ces déchet solides toxiques auxquels s'ajoutent les gaz de queue continueront d'empoisonner la vie des citoyens.