On la croyait quasiment neutralisée, mais la bête immonde a encore frappé. Les terroristes islamistes, comme pour un rite sacrificiel, ont choisi les fêtes de l'Aïd pour ravir à l'affection de leurs familles et à toute l'Algérie de jeunes militaires mobilisés pour défendre leur pays contre les agressions intérieures et extérieures. C'étaient des appelés comme les autres 19 troufions que Madani Mezrag se vante impunément, sur les plateaux de télévision, d'avoir assassinés froidement dans la région de Jijel, lorsqu'il était chef de l'organisation criminelle AIS. Le crime de Aïn Defla a créé un choc terrible chez les Algériens, ceux-ci croyaient que nous étions immunisés contre ce genre d'agression, que notre armée est tellement puissante que les terroristes n'oseraient jamais mener une telle action, alors que pour les spécialistes, une embuscade de ce genre est très possible pour peu que les agresseurs sachent exploiter l'effet de surprise. Malgré les explications, de tels assassinats font mal surtout que leur impact psychologique est grand. Les islamistes ont profité de la démobilisation de la société, qui a baissé la garde depuis belle lurette, pour affirmer leur présence sur le terrain. C'est ce que ne saisissent pas les Algériens qui ne comprennent pas qu'AQMI puisse encore agir. Existe-t-il une volonté politique de maintenir un abcès de fixation pour nos services de sécurité ? Les terroristes ont été éradiqués dans les années 1990 alors qu'ils étaient des milliers dans les maquis. Pourquoi n'arrive-t-on pas, aujourd'hui, à venir à bout de quelques centaines ? La loi sur la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation, initiées par le pouvoir au début des années 2000, ont donné des ailes aux islamistes. Parallèlement, elles ont créé un immense sentiment de frustration chez l'armée, la police et la gendarmerie qui s'étaient engagées résolument dans la lutte pour sauver l'Algérie du péril vert. Leur moral avait baissé, accompagné d'un sentiment d'abandon de la place au profit des forces obscurantistes. Dans ces conditions, le cœur n'y était plus. L'islam politique a profité de la démission collective pour réoccuper le terrain et reprendre sa propagande, ramenant l'Algérie à la case départ. Heureusement qu'avec le temps, les citoyens ont compris la véritable nature de l'islamisme algérien et le wahhabisme pour lequel il sous-traite. D'ailleurs, la mort de nos jeunes a fait s'enflammer les réseaux sociaux, exprimant une grande colère contre les criminels et une solidarité sans faille avec les familles des victimes. La ville d'Oran qu'on croyait assoupie a eu, hier, une extraordinaire réaction citoyenne et a décidé de manifester et de marcher dans les rues de la ville pour dénoncer les assassinats. Malheureusement, les partis — à l'exception de Talaie El Houriat de Ali Benflis — ont été d'une incompréhensible inertie face à ce drame national.