C'est un secret de Polichinelle, le parc hôtelier est loin de répondre aux normes. Le ministre du Tourisme, Noureddine Moussa, ne s'en est pas caché en annonçant à la mi-avril la fermeture de 20 hôtels alors que 17 autres sont sous le coup de cette menace. Plus de trois mois plus tard, soit le 23 juillet, Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, n'a pas manqué, lors d'une réunion de travail au siège de la wilaya, de tomber à bras raccourcis sur les gestionnaires de la wilaya, coupables de ne pas faire cas des problèmes de l'hébergement des hôtes de l'Algérie. L'on croit savoir que M. Zerhouni a choisi le ton de la modération lors d'une autre réunion. Des palliatifs devraient, a-t-il souhaité, intervenir mais sans qu'on en sache leur consistance. Toutefois, des observateurs restent sceptiques. A les croire, la commission de suivi de la manifestation Algérie capitale de la culture arabe ne pourrait pas tenir ses engagements « d'autant plus que trois événements d'importance sont attendus dans la capitale dans les prochains mois ». « On est en insuffisance surtout en hôtels urbains. La conjoncture vécue par le pays a fait que les hôtels ne remplissent pas les conditions requises. Il leur est reproché de ne pas respecter l'hygiène et de disposer d'un mobilier dépassé », indique Mlle Bouchène, chef de service à la direction du Tourisme. Ils en existent 165 dont 125 non classés. « Quand on sait que la capitale française dispose de plus de1459 hôtels de divers gammes, on ne peut qu'en rester coi mais la comparaison s'arrête là. On est loin du compte. La situation est désolante », lâche un professionnel du tourisme qui en fait porter la responsabilité aux responsables en haut lieu. Lors d'une rencontre avec les responsables du secteur qui s'est tenue en juillet 2005, le ministre a accordé une année de grâce aux hôteliers. Celle-ci n'a pas été du goût de certains d'entre eux. Une opération d'assainissement s'en est suivie. En plus des mesures précitées, pas moins de 37 mises en demeure ont été adressées aux gérants des hôtels. Il leur est ainsi exigé de se conformer aux dispositions de la loi 99/01 du 6 janvier 1999 fixant les règles relatives à l'hôtellerie, qui est restée longtemps caduque avant d'être remise au goût du jour. « On passe à la deuxième phase de notre plan qui consiste dans la levée des réserves signalées par nos inspecteurs. D'ailleurs, plus de 200 inspections ont été effectuées », indique M. Bouchène. Les communes les plus touchées restent celles d'El Harrach, de Belouizdad, d'Alger-Centre, de Bab El Oued et de La Casbah. Depuis décembre 2005, 34 établissements ont mis la clé sous le paillasson. Les raisons en sont les manquements « aux conditions d'exploitation ». « En plus des gérants qui ont fermé pour des raisons de conflits d'héritage, il s'en est trouvé qui l'ont fait de leur propre gré en transformant leurs hôtels en dortoirs relevant de la seule responsabilité des communes. Plus de la moitié des hôtels fermés le sont pour cause de fissures constatées. Dans ce cas, nous faisons intervenir les services du CTC », atteste notre vis-à-vis. S'agissant de l'opération de classement et de reclassement, M. Bouchène dira : « Il y avait d'anciennes normes. » « Faut-il rappeler que la classification n'était pas obligatoire quand nous étions sous la tutelle de la direction des Mines et des Industries (DMI) », atteste-t-il . A l'entendre, deux commissions s'y attellent ; l'une nationale pour les hôtels de plus de 2 étoiles. La commission de wilaya s'intéresse aux hôtels de zéro à une étoile. Elles rendront leurs conclusions en octobre prochain. Les prix affichés en hôtellerie sont pour le moins chers. « On n'y peut rien », se contentera-t-elle de rétorquer. La direction ne dispose que de 4 inspecteurs. Lesquels sont chargés du contrôle des de plus de 200 agences de voyage pullulant dans la wilaya en plus des hôtels et des 40 restaurants classés. Ceux-ci sont de leur côté délaissés compte tenu de l'effectif réduit de la direction dont le rôle est « l'inspection sans plus ».