Les pouvoirs publics se sont-ils enfin décidés à agir contre les « marchands de sommeil » ? Le ministre du Tourisme, Nourdine Moussa, vient d'annoncer la fermeture à Alger d'une vingtaine d'hôtels et 17 autres ont été proposés dans la même foulée à la cessation d'activité. Le motif avancé par les services techniques du ministère est le non-respect par ces établissements des conditions d'exploitation. La commission technique intersectorielle, regroupant les représentants des secteurs de la santé, du commerce, du tourisme et de la Protection civile, a également adressé des mises en demeure à 37 hôtels ainsi que 22 avertissements et 34 convocations à des établissements hôteliers de la capitale pour entamer les démarches de régularisation de leur situation. Toutefois, un « flou » subsiste et le ministre s'est bien gardé de définir la nature des hôtels ayant été les cibles de cette opération surprenante. Surprenante d'abord par les chiffres annoncés et par le timing choisi : le pays est aux portes de la saison estivale. Ce qui est en outre reproché à ces établissements est le non-respect de la réglementation en vigueur. La loi 90-01 relative à l'hôtellerie en l'occurrence. Or, la dégradation du parc hôtelier de la capitale n'est un secret pour personne et la réaction de la tutelle est la bienvenue et ne peut être considérée comme un exemple de promptitude. Rappelons à ce titre que ces mêmes « conditions d'exploitation » ont été à l'origine d'un drame ayant coûté la vie à huit personnes et faisant plusieurs blessés à l'hôtel Le Square, dans la Basse-Casbah. En plus du danger potentiel qu'inspire la vétusté de ce parc, celle-ci s'impose en véritable frein pour la promotion du produit hôtelier. Classification, pourquoi faire ? Le ministre a aussi fait savoir que l'opération de classification et de reclassement des établissements hôteliers amorcée par les pouvoirs publics connaît une pause depuis décembre dernier et ce, pour permettre aux propriétaires, explique le ministre, de « se mettre aux normes ». Par contre, ce que le ministre ne dit pas c'est que cette opération, qui fera augmenter la capacité d'accueil des infrastructures hôtelières, bute sur des sérieux obstacles, notamment la « résistance » des opérateurs privés qui mettent en avant l'impossibilité d'envisager une fermeture de quelques mois afin de réaliser des travaux de réhabilitation physique de leurs établissements. Ces travaux devraient se réaliser avec l'appui des banques à des taux considérés excessifs. Pour nombre de ces opérateurs, la classification ne veut absolument rien dire, puisque les prix sont libres. Le challenge, selon eux, serait de revoir toute la politique touristique à commencer par faire baisser la TVA (17%), alors qu'elle n'est pour ce secteur que de 4% au Maroc et en Tunisie et la suppression de certaines taxes comme celles payées à l'ONDA pour la diffusion de musique... La démarche ministérielle intervient, faut-il le souligner, dans un contexte national marqué par le début de l'opération de privatisation des enceintes hôtelières et par les appétits affichés par des chaînes hôtelières internationales d'accaparer le marché touristique algérien, dont l'Etat avait jusque-là l'ambition d'en faire un « substitut des ressources épuisables ».