A force de tirer sur la corde en matière de recrutement de footballeurs étrangers, les clubs viennent de se voir signifier la fin de recours à cet apport. Les conditions d'exercice de ce droit n'ont pas toujours été bien observées par les clubs algériens. Recrutements à l'emporte-pièce, empressement à gonfler l'effectif, inobservation d'une grosse partie des règles en la matière (authentification de la qualité d'international, des documents versés au dossier du joueur, absence de permis de travail, visa de séjour, déclaration à la sécurité sociale, défaut de compte bancaire, prise en charge sociale qui laisse à désirer…) tout cela a concouru à l'arrêt (momentané ?) des transferts vers l'Algérie de joueurs étrangers. La fédération a pris cette mesure suite à l'amoncellement des litiges entre joueurs étrangers et clubs algériens que la FIFA traite régulièrement et donne raison, très souvent, aux joueurs. Après le lancement de plusieurs alertes en direction des clubs pros afin qu'ils se conforment aux règlements en matière de recrutement de footballeurs étrangers et aux conditions de l'exercice de leur fonction qui sont restées lettre morte, la fédération a décidé d'exercer ses prérogatives en disant stop ! Elle dispose d'arguments en béton pour, le cas échéant, justifier sa décision. Voici quelques exemples qui ont conduit la fédération à cette extrémité. Il y a quelques jours, la FAF a été saisie par la FIFA à propos d'un joueur étranger signataire d'un contrat avec l'USM Bel Abbès qui a porté l'affaire devant l'instance internationale de football faute d'avoir perçu son dû du côté de la Mekerra. Après étude de l'ensemble des pièces versées au dossier, la FIFA a condamné l'USMBA à verser 300 000 euros à Dieumerci (le bien nommé), sous peine de rétrogradation et de suspension de la fédération. Pour éviter cette peine, la FAF est contrainte de verser cette somme en attendant de se faire rembourser par l'USMBA. Le MO Béjaïa qui ne s'est pas acquitté des indemnités de transfert et de solidarité avec le club malien qui a formé le joueur de Béjaïa a été condamné à lui verser 80 000 dollars. La fédération l'a fait à la place du MOB et récupérera son argent en empochant la quote part qui revient au club des droits de télévision. Au niveau des instances du football, on évoque «une arnaque dont est victime l'USMH qui a recruté un joueur étranger (guinéen) alors qu'il est toujours sous contrat avec son club d'origine». La même source met en cause les deux agents (un étranger et un binational) qui sont derrière la venue de ce joueur qui n'est pas libre. Devant cette situation difficile à maîtriser à cause des circuits qui facilitent l'obtention des certificats de transfert de joueurs étrangers, la fédération avait songé, avant le 25 juillet 2015, à exiger en plus du TMS (document de transfert validé par la fédération du joueur), des copies de feuilles de matchs internationaux pour être sûre que le joueur en question est bel et bien un international. Sur le document TMS, il y a une case où le club recruteur doit obligatoirement indiquer le nom d'une banque par laquelle transitera l'argent versé au joueur. A priori, peu de clubs algériens ont souscrit à cette obligation contenue dans un document officiel initié par la FIFA. Par cet acte, ils ont signifié leur refus de se conformer aux règles et conditions qui président à la conclusion d'un transfert. Le chapitre transfert de joueurs étrangers foisonne de ce type d'exemple où des clubs ne se soucient nullement de leurs devoirs vis-à-vis des joueurs qu'ils recrutent. A charge après pour la fédération de courir à leur secours pour éviter les sanctions de la FIFA. Le professionnalisme est parti sur le mauvais pied en Algérie. Instauré à la hâte, mené à la hussarde, il n'a cessé de provoquer des dégâts au fil des années et a fini par obliger la fédération à jeter l'éponge. La FAF ne doit pas s'arrêter là. Il faut qu'elle assainisse totalement la situation et retirer, pourquoi pas, le statut de club professionnel à tous ceux qui baignent dans la faillite depuis des années.