Il accumulait les mandats d'arrêt comme d'aucuns collectionneraient les timbres, des décorations. Le juge d'instruction de Boussaâda en lançait deux contre lui pour son implication dans des affaires liées à des émissions de chèques sans provision, à l'abus de confiance et à l'escroquerie. Le même ordre, émanant du magistrat instructeur de Bouira, l'inculpait de falsification de documents administratifs et passible de la peine correspondant à ce délit. Lui, l'homme des manigances et des petits délits, n'en avait cure. Confiant en sa bonne étoile autant qu'en ses ruses d'aventurier, de forban, il courait, libre comme l'air. Il devait pêcher par trop de confiance, car le vendredi dernier, cet individu, que ses 53 ans auraient dû lui mettre un peu plus de plomb dans la tête, se faisait prendre bêtement vers 22 h à un barrage de police, du côté de l'hôtel Nassim. Il conduisait une Atos, ce soir-là. Intimé de montrer ses papiers par des éléments de police judiciaire, il a tenté de leur échapper, mais l'endroit à cette heure grouillait de policiers, y compris d'agents de l'ordre. Il ne fit pas deux pas qu'il fut saisi fermement par les épaules. Menotté et encadré par deux policiers, il a été conduit au commissariat puis écroué.