Qui d'entre les automobilistes n'a pas été confronté à la brutalité et la violence de ces jeunes qui squattent la chaussée pour en faire un bien privé soumis à «une taxe» de stationnement au nez et à la barbe des services de police ? Rares sont ceux qui échappent à l'omniprésence de ces «racketteurs», en général des chômeurs, à la recherche du gain facile qui imposent leur loi et surtout leurs tarifs, décidés à la tête du client. Face à l'absence de l'autorité, ces jeunes et moins jeunes, autoproclamés gardiens, n'hésitent pas à utiliser la menace à l'égard des récalcitrants, notamment les femmes. Armés de gourdins et parfois d'armes blanches, ils ne reculent devant rien pour imposer leur diktat. Les rares espaces qui échappent aux barricades et aux piquets placés par-devant les commerces et les habitations sont immédiatement investis pour devenir «des parkings gardés» obligeant les conducteurs à s'acquitter, parfois avant même de quitter la voiture, d'une somme allant de 30 à 200 DA, au risque de retrouver leur véhicule vandalisé, ou pire envolé. Face à l'impuissance des pouvoirs publics, même les lois promulguées il y a quelques années pour lutter contre ce diktat n'ont pu être mises en application. De nombreuses campagnes répressives dans les rues et ruelles des grandes villes n'ont été que de courte durée, puisque les «parkingueurs» reviennent toujours sur les lieux de leurs commerces, trop juteux pour être abandonnés. La semaine dernière, les services de police ont pris l'initiative de sévir dans plusieurs quartiers. L'opération s'est soldée par l'interpellation de 120 «gardiens de parking sauvage» déférés devant la justice. Au moins 7 d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt non seulement pour «violation de la voie publique», mais aussi pour «détention d'armes blanches». «Il faut que les citoyens apprennent à déposer plainte ou à appeler les services de l'ordre lorsqu'ils sont agressés. L'opération ne s'arrêtera pas. Elle va durer dans le temps. Il faudra que les communes s'impliquent dans cette campagne», nous déclarent nos interlocuteurs. Si à Alger le problème semble pris en charge par les services de police, à Oran, ce sont les citoyens, excédés par le comportement des gardiens autoproclamés, qui ont pris la décision de passer à l'action, en mobilisant la population à travers des messages diffusés sur les réseaux sociaux et des campagnes de sensibilisation sur les plages et les grandes artères de la ville, afin que les citoyens ne soient plus à la merci de «racketteurs». Une initiative louable qui devrait être élargie à toutes les wilayas du pays, en attendant que les autorités assument leurs responsabilités en protégeant les citoyens. Toutes les rues de la capitale sont sous le contrôle de ces réseaux de jeunes qui souvent, sous l'emprise de psychotropes, n'hésitent pas à agresser les automobilistes réfractaires, provoquant parfois des drames pour seulement 30 DA. Peut-on espérer libérer un jour la chaussée de l'emprise de ces groupes ? La question reste posée.