Des véhicules garés dans des parkings au niveau de quartiers de la capitale ont été vandalisés. Pneus crevés, pare-brise éclatés, serrures de portières tordues, telle est la panoplie des nouvelles techniques des « mafias des parkings » qui agissent selon la règle : « Soit tu payes soit ton véhicule ne sera pas en sécurité. » Ces cas ont été signalés dans plusieurs communes d'Alger, notamment à Ouled Fayet, Hammamet et dans les nouveaux quartiers à Birtouta, Baba Hacene, Bab Ezzouar, Bentalha, Aïn Naâdja et Kouba. Des véhicules stationnés dans des espaces à l'intérieur des cités réservés exclusivement aux habitants ont fait l'objet d'actes de vandalisme perpétrés durant la nuit. Le phénomène n'est, certes, pas récent, mais les propriétaires des véhicules s'inquiètent de cette recrudescence. D'autant plus que les auteurs de ces actes ne semblent reculer devant rien. A la cité AADL d'Ouled Fayet, un jeune de 32 ans a été arrêté dernièrement par des résidents en flagrant délit de destruction d'un véhicule. Il a été présenté devant le tribunal de Chéraga pour « ivresse publique et dégradation de biens d'autrui ». Au niveau de cette cité, pas moins de six citoyens ont déposé plainte à la brigade de la Gendarmerie nationale d'Ouled Fayet suite à la dégradation de leurs véhicules. Selon les premières conclusions des investigations de la GN, il s'agit d'actes prémédités, commis par des individus qui visent à squatter les parkings et s'autoproclamer gardiens. Plusieurs habitants se sont plaints de ces « gardiens » qui veulent être rémunérés pour service rendu. « Je n'ai pas à payer quelqu'un pour pouvoir stationner dans mon propre quartier », s'indigne Ali, un médecin habitant un immeuble à Hammamet. « Ces actes de vandalisme sont programmés et planifiés dans des parkings non squattés. Des individus, appartenant souvent à des réseaux de vol de véhicules, sèment un climat de psychose afin de pousser les propriétaires à céder à leur diktat et les mettre devant le fait accompli, pour protéger leurs biens », précise un officier de la compagnie de la GN de Chéraga. La « mafia des parkings » veut sévir dans les espaces libres. Pour preuve, ces cas sont signalés à Ouled Fayet et Hammamet, deux communes de la capitale où aucun parking sauvage n'a été signalé, selon les services concernés de la wilaya d'Alger. Près de 900 parkings sauvages sont recensés au niveau de 55 communes de la capitale. L'effectif des gardiens de ces espaces est estimé à plus de 1.400 jeunes. Des foyers de délinquance Selon les rapports des services de sécurité, certains parkings sont devenus des foyers de délinquance et des « champs » d'activité des réseaux de vol de véhicules, bien structurés. En effet, les services de sécurité précisent que les endroits où ont eu lieu les vols de voitures « sont souvent des parkings sauvages ». « Peu de cas sont commis avec violence », selon des rapports de la police judiciaire de la DGSN. Les auteurs des vols ciblent, essentiellement, les véhicules dits à faiblesse : absence de système antivol ou fragilité du système de démarrage qui, parfois, ne nécessitent qu'un simple objet contondant. Des affaires de ce genre, où le principal accusé n'est autre que le gardien du parking, ont été traitées. Toujours d'après les rapports de la police, ces gardiens planifient non seulement le vol de véhicules, mais aussi des cambriolages d'appartements, étant au courant des habitudes des propriétaires. Face à cette situation, les services de la Gendarmerie nationale annoncent la prise d'une série de mesures. « Des cartes ont été élaborées concernant les endroits et les lieux où sont commis les vols et les actes de dégradation de véhicules afin d'assurer un déploiement qui permet la sécurisation de ces parkings », assure le commandement de la GN. La GN prend des mesures préventives En outre, les sections spéciales d'intervention sont mobilisées pour effectuer, durant la nuit, des patrouilles pour surveiller les parkings dans les quartiers et les cités touchées par ce phénomène. Interrogé sur cette situation, un gardien de parking à Alger centre a estimé qu'il est « plus judicieux pour le propriétaire d'un véhicule de payer 50 DA à un gardien que de voir son véhicule volé ou vandalisé ». Des automobilistes avouent qu'ils ont été menacés de vol de leurs voitures s'ils refusaient de payer le prix exigé par un gardien de parking à Belouizdad (ex-Belcourt) alors que d'autres ont été agressés à l'arme blanche et même par des pitbulls à El Harrach et Alger centre.