Le public du Festival international de Timgad a réussi là où tous les autres auraient failli : rester insensible et indifférent devant l'une des performances les plus entraînantes jamais exécutées sur la scène du festival, dimanche soir pour sa quatrième soirée, celle du groupe Djemaoui Africa. «On a commencé tard. Il y avait deux groupes devant nous. Il faut communiquer plus sur cet événement et mettre à la disposition du public un transport gratuit pour les faire venir», nous a confié Ahmed Djamil Ghouli, leader et vocaliste du groupe, dès sa sortie de scène, tentant de trouver une explication à ce qui venait de se passer. «Même s'il n'y a que 2, 20 ou 20 000 personnes, c'est toujours le même groupe qui joue pour le plaisir de ceux qui sont venus nous voir. Ils nous boostent. On est là pour faire passer un message au travers des paroles de nos chansons. On sera toujours là pour la bonne cause», a-t-il soutenu. Malgré les assauts de ce dernier, qui tentait courageusement de ranimer une audience rare, impassible, dispersée et presque à l'agonie, elle est restée de marbre. Rien à faire. Une malédiction. La prestation proprement dite était époustouflante. Dès les premières notes de Guembri, de Soprillo (petit saxophone) et de percussions, la magie Djemaoui était là, sept années après son premier passage sur la scène du festival. Ils ont interprété plusieurs titres de leur album Avancer l'arrière, oxymore en langue française qui n'est compris que par les Algériens, comme l'a souligné sur scène Ahmed Djamil. On a aussi eu droit à leur dernier succès Dellali qui est un clin d'œil au nouveau style «WW» le «way way». «On ne le comprend pas, on le critique, mais dès qu'on entend un rythme WW, on commence à danser. C'est un virus», a-t-il lancé. Et comme la malédiction du public absent et insensible ne suffisait pas, les soucis techniques s'y sont invités. Pour l'ouverture de la soirée, le groupe américain Magic of Motown a chanté les plus grands succès de la maison de disques et machine à tubes Motown, mais qui ne s'entendait pas. En effet, à cause d'une balance mal réglée, les voix des chanteurs étaient totalement dominées par l'orchestre. Le seul titre qui a pu être apprécié a été Rolling on the river de Tina Turner, car chanté a capella. Hormis cela, c'étaient les 70's. Du disco, des chanteurs en tenues brillantes, scintillantes, en pattes d'éléphant, kitch à souhait et interprétant des chansons de soul et de rhythm'n blues, I want you back des Jackson Five, Superstition de Stevie Wonder. En outre, comme un acharnement du sort, les journalistes se sont brouillés avec le manager algérien du groupe et ont boycotté le point de presse, et ce, pour une question d'emplacement de la caméra d'un des journalistes.