Les investisseurs dans le domaine du tourisme dans la wilaya de Béjaïa font face à de nombreuses entraves qui les empêchent d'installer leurs projets. Les promoteurs que nous avons rencontrés soulignent la vocation touristique de Béjaïa et l'énorme potentiel de ce secteur d'activité, mais l'essor attendu est retardé par les oppositions des citoyens à certains projets et les lenteurs administratives dans le traitement des dossiers avant l'établissement du permis de construire. «Nous sommes une douzaine d'investisseurs à avoir déposé des dossiers de permis de construire au niveau de la direction de l'urbanisme qui demeurent sans réponse depuis plus d'un an pour certains», regrette un promoteur. Ce blocage est dû au refus des services des forêts d'autoriser l'abattage de quelques arbres. M. Ladraâ, directeur du tourisme et de l'artisanat à Béjaïa, indiquera : «Lorsque nous rencontrons des contraintes, nous avisons le secteur concerné». Une façon de dire que la lourdeur des procédures est due à l'implication de plusieurs services décentralisés de l'Etat. Les investisseurs sont décidés à s'organiser pour enclencher une action de protestation contre le laisser-aller et le blocage administratif. Après l'octroi des terrains par le Calpiref, ils sont livrés à eux-mêmes. Les retards touchent également les études et la phase d'approbation des 14 Zones d'expansion et sites touristiques (ZEST) dont dispose Béjaïa, totalisant une superficie de 956 hectares. Sur la côte ouest, l'étude de la ZET de Gouraya à l'intérieur du parc national de même nom n'est pas encore lancée alors qu'elle a été créée en 1988. Idem pour la ZET «Les falaises» de Melbou, à l'est (33 ha). Oppositions Par ailleurs, d'autres investisseurs sont confrontés non pas à l'administration, mais à des oppositions des citoyens. Un investisseur témoigne : «Certains d'entre nous ont des litiges avec tout un village dont les habitants réclament les terrains qui sont avant tout des biens de l'Etat et qui sont concédés pour la réalisation d'un projet touristique». Notre interlocuteur étant en conflit avec un particulier concernant un lot qui lui a été attribué par le Calpiref, dénonce l'absence de l'Etat et craint que les services de sécurité n'interviennent pas même après avoir eu gain de cause devant la justice. A ce sujet, le directeur du tourisme, Ladraâ Abdelkayoum, a indiqué : «Les gens qui s'opposent aux bénéficiaires ne sont pas des propriétaires car les services des domaines n'établissent l'acte de concession qu'après vérification de la nature juridique des lots». Joint au téléphone par nos soins, un autre investisseur aborde la pollution comme un souci majeur qui entrave l'essor de ce secteur. «Les décharges publiques des communes limitrophes finissent toutes à la plage», dit-il, avant d'ajouter : «Pis encore, quelques sites touristiques sont transformés en décharges sauvages». De son côté, le responsable du tourisme de Béjaïa a assuré que la direction du tourisme fait constamment des rapports à sa tutelle quant aux agressions commises sur les ZET, citant le cas de la décharge d'Aokas implantée sur un site touristique. «Nous avons demandé sa délocalisation. La direction de l'environnement avait accepté et a inscrit un projet d'un centre d'enfouissement technique, mais la population locale s'est opposée à sa réalisation», regrette notre interlocuteur.