Abderrahmane Bergui, membre de la commission intersectorielle de lutte contre la violence dans les stades, maîtrisant parfaitement l'environnement du football et surtout des jeunes, a bien voulu nous donner ses impressions sur le fléau de la violence qui gangrène notre football à la veille du début du championnat 2015/2016. Selon votre expérience, comment peut-on éradiquer la violence dans les stades, qui ne cesse de prendre de l'ampleur ? Comme tout le monde le sait, notre football est devenu un enjeu financier considérable. Tous les moyens sont utilisés pour avoir le gain d'un match. La lutte contre la violence, comme je l'ai dit à maintes reprises, nécessite l'implication des autorités compétentes et des instances sportives par la mise en place d'un programme d'action coordonné et planifié à court et à long termes. Aujourd'hui, notre conscience est interpellée et notre responsabilité est engagée. Ce fléau de la violence ne peut être éradiqué ou maîtrisé que si l'on s'attaque aux causes plutôt qu'à ses effets. Pour être plus clair, les causes à l'origine de la violence sont multiples et chacun doit se sentir responsable. A commencer par les dirigeants qui doivent avoir une certaine retenue dans leurs déclarations souvent incendiaires et qui influent négativement sur le comportement des supporters. Les joueurs et les entraîneurs doivent aussi avoir un comportement exemplaire sur le terrain. Autre cause à l'origine de ce fléau : les conditions d'accueil. Un stade de football est un havre de détente et de spectacle, mais force est de constater que nos stades sont gérés anarchiquement et présentent de réels dangers pour les spectateurs. Ces derniers doivent être orientés et guidés avant, pendant et après le match. Que proposez-vous comme solution à ce problème à la veille du démarrage du championnat ? Dans l'esprit de la majorité, la violence dans les stades est uniquement et exclusivement du ressort du service d'ordre. Or, devant la situation actuelle, tout le monde est concerné. Il est devenu indispensable et urgent de définir avec exactitude le rôle de chacun de tous les partenaires lors du déroulement d'un match de football. Les rôles du comité de supporters, du stadier, du dirigeant, du directeur du stade, du service d'ordre et des délégués de la FAF et de la LPF sont complémentaires pour responsabiliser tous les partenaires du football et les impliquer à faire face à ce phénomène qui sévit dans nos stades. Pour ce qui est du comité de supporters qui joue un rôle très important dans un club, il doit être élu par ses pairs conformément à la réglementation et reconnu par le club comme un interlocuteur fiable. Malheureusement, nous avons relevé que certains représentants de supporters agissent sans cadre juridique. Vous faites partie de la commission intersectorielle de lutte contre la violence dans les stades sous l'égide de la tutelle. Où en est-on avec ce projet ? Effectivement j'ai fait partie de cette commission et on a arrêté plusieurs mesures, malheureusement on n'a pas pu à ce jour les mettre en application. A mon avis, pour agir concrètement sur le terrain, cette commission doit être dotée des moyens nécessaires pour faire face à ce fléau de la violence et préserver les valeurs de notre football.