C'est au moment où une rencontre se tenait à Paris, en France, sur « la paix méditerranéenne » que monseigneur Henri Teissier apprend les déclarations du pape Benoît XVI. « Nous regrettons que le pape ait utilisé cette citation du XIVe siècle qui porte atteinte au respect de la religion musulmane », dira monseigneur Teissier, joint hier par téléphone. Une citation qui fait débat autour de la foi et de la raison dans la religion. « Mais nul était besoin de l'utiliser pour illustrer un discours devant amener à la réfléchir sur la base de la raison et accueillir la révélation », entend dire l'archevêque d'Alger. « Nous sommes consternés par l'utilisation de cette citation d'un autre temps. Ce temps, le Moyen Age qui fut l'époque des conquêtes religieuses et des guerres entre les communautés », réitère monseigneur Teissier. La communauté catholique installée en Algérie se défend bien de soutenir les propos du pape et, par la voix de l'archevêque, bien au contraire, elle tient à s'en démarquer. « C'est d'autant plus regrettable qu'en ce début de siècle, les forces convergent vers une paix entre les communautés avec un profond respect de l'autre. Nous étions toute une délégation algérienne lors de la rencontre à Paris et nous en discutions encore ensemble hier. » Nous soutenions à quel point il est enrichissant de vivre auprès de nos frères musulmans et dans quelle harmonie nous conjuguons nos fois », poursuit l'archevêque. L'intention du pape Benoît XVI, selon Mgr Teissier, était de faire le lien entre foi et raison. « D'ailleurs, j'ai déjà utilisé cette citation lors d'une conférence à la fac de Bouzaréah, mais pas dans son intégralité », reprend l'archevêque. Car, selon lui, la citation entière porte atteinte au respect de la religion musulmane et que pour réfléchir à la notion de la raison dans la profession de foi, il n'est pas utile de reprendre entièrement des propos d'un autre temps. Les déclarations de Mgr Teissier interviennent alors même que le pape Benoît XVI se disait « absolument désolé que certains passages de son discours aient pu paraître offensants pour la sensibilité des croyants musulmans et aient été interprétés d'une façon qui ne correspond aucunement à ses intentions », déclarait hier le secrétaire d'Etat du Vatican, Tarcisio Bertone.