Les premiers moutons ont fait leur apparition dans les quartiers de la capitale, amenant avec eux leur lot de désagréments, à moins de trois semaines de l'Aïd El Kebir. Certes, ce n'est pas le grand flux de troupeaux des années précédentes, mais de petits vendeurs osent défier la réglementation et proposer des moutons, à des prix souvent inabordables. A Belouizdad, quelques points de vente sont perceptibles. Outre les garages aménagés en étables, un parking fait office d'espace de négoce pour un vendeur. «Une partie pour les voitures et une autre pour la vente de moutons», raconte un résidant. A la cité des 720 Logements, dans la commune de Gué de Constantine, de nombreux commerçants ont d'ores et déjà occupé les lieux. «Ils vendent en deuxième main. Chaque année, ils louent des garages et y mettent des centaines de têtes», raconte un habitant. Selon lui, un mouton moyen est proposé à pas moins de 45 000 DA. Un prix exorbitant qui donne le tournis aux pères de famille. La solution, attendre l'arrivée des «vrais maquignons» qui cassent les prix et proposent des moutons de meilleure qualité et à un meilleur prix. «Chaque année c'est le même scénario, les petits vendeurs augmentent les prix et quand les gros éleveurs arrivent, concurrence oblige, les prix baissent un peu», indique un autre citoyen, qui affirme toutefois que les tarifs sont beaucoup plus élevés que ceux de l'année passée. Si l'aspect financier préoccupe sérieusement les citoyens, les autorités publiques, elles, ont pour unique souci de maîtriser une situation, qui vire souvent à l'anarchie. Aujourd'hui, les services de la wilaya n'ont communiqué ni sur les endroits ouverts à la vente ni sur ceux interdits à cette activité. Mais certains points de vente demeurent une référence. C'est le cas, à titre d'exemple, des hauteurs de Bab El Oued, où les commerçants proposent ces bêtes de sacrifice sur la voie publique dans des espaces non bitumés et peu fréquentés par les automobilistes. A Kartala, dans la commune de Baba Hassan, des maquignons louent des espaces anarchiques construits en dur et les transforment en garages dont la réputation est incontestable. De nombreux citoyens préfèrent y acheter leur mouton dans ces endroits en raison des prix relativement accessibles proposés. On apprend qu'une bonne partie des troupeaux destinés au sacrifice arrivera dans peu de jours, puisque l'endroit a été aménagé et réhabilité. Ce qui n'est pas sans causer des désagréments au voisinage, qui voit d'un mauvais œil ce commerce source de puanteur et d'odeurs fétides. «Hélas, on s'efforce de supporter tant que cela ne dure pas toute l'année», nous dira une jeune dame. Un autre point où de nombreux vendeurs ont été repérés c'est la route menant de Chéraga vers Aïn Benian. Les vendeurs profitent de la verdure et des espaces vides pour offrir leurs moutons aux yeux des nombreux passants. En attendant les prochains jours, force est de relever que l'intransigeance des autorités publiques est vivement souhaitée afin de préserver le cadre de vie et la salubrité publique. «On pourrait bien veiller sur la propreté et l'aspect esthétique de nos quartiers sans pour autant priver nos enfants du bonheur que leur procure la présence du mouton», relève un homme d'un certain âge.