Les efforts déployés par les pouvoirs publics pour repeupler les villages désertés durant la décennie noire n'ont pas atteint l'objectif escompté. Malgré «le retour de la paix et de la quiétude», des centaines d'écoles primaires, dans plusieurs wilayas, sont toujours fermées faute d'élèves à scolariser. L'année passée, la wilaya de Relizane comptait 73 établissements non opérationnels en raison de l'absence d'effectifs. Idem à Tissemsilt, où la presse fait état de 71 écoles livrées à l'abandon pour les mêmes motifs. Dans ces wilayas et tant d'autres, l'exode rural continue à ce jour. Ce problème se pose avec acuité même dans les wilayas proches de la capitale. La wilaya de Boumerdès dispose aujourd'hui de 15 écoles qui ne servent à rien pour cause d'absence d'élèves, précise la directrice locale de l'éducation. La commune de Ammal occupe la première place avec cinq écoles fermées. Certains villages de cette commune rurale, comme Aït Oullemou, Doukan, Aït Dahmane offrent des images fantomatiques de maisons abandonnées, d'une école primaire et d'un centre de soins en ruines. De nombreuses familles ayant résisté vaillamment aux groupes terroristes ont fini par quitter les terres de leurs aïeux à cause de la misère et de l'absence de perspectives de développement de leurs villages. Des villages oubliés Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les comptes rendus de la presse locale font état de plus de 40 établissements inopérants, dont la majorité relève des daïras d'Azzefoun, Bouzeguène, Draâ El Mizan et Aïn El Hammam. Aujourd'hui, rien n'indique que ce phénomène s'arrêtera de sitôt. En sus de celles déjà fermées, des dizaines d'autres écoles n'acueillent que des effectifs réduits. «Cette année, il y a eu aucun inscrit en 1re année. Au rythme où vont les choses, notre établissement risque de clore ses portes dans quatre ou cinq ans», souligne un habitant du village de Ouled Ali, sur les hauteurs de Thenia. «En 1999, l'école grouillait d'élèves. Dimanche dernier, on en a recensé une quinzaine de quatre niveaux différents. Ces élèves seront divisés, comme l'an dernier, en deux groupes dont l'un comprendra des élèves de 2e et 3e années et le second des élèves de 4e et 5e années», indique un parent, qui en profite pour réclamer le revêtement de la route desservant le village. Selon lui, hormis l'aide à l'habitat rural, l'Etat n'a rien fait pour repeupler la région. «Même la route qui mène à Zemmouri reste fermée à ce jour. Comment voulez-vous que les gens reviennent vivre ici ?» lance-t-il. «Moi-même, si jamais je trouvais un logement où habiter, ailleurs, je n'hésiterais pas à partir», confie-t-il. La réduction du nombre d'élèves à scolariser est constatée également dans de nombreuses communes rurales de la région. A Naciria, ce sont les écoles primaires de Ouled Moussa et Imaghninen qui voient le nombre d'élèves réduire au fil des ans pour atteindre moins d'une vingtaine lors de la rentrée, dimanche dernier. Après le terrorisme et l'insécurité, c'est maintenant la misère et l'enclavement qui poussent les habitants des contrées oubliées à aller s'installer sous d'autres cieux. Depuis l'an 2000 à ce jour, au moins sept établissements ont été fermés à travers la wilaya de Boumerdès dont trois à Ammal, un à Djaâda (Khemis El Khechna) et un autre à Idjelwahen (Bordj Menaïel). Une autre preuve de l'inefficience des politiques suivies par les autorités pour développer les zones rurales et les rendre plus attractives.