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C'est le cinéma qui vous regarde
13eme rencontres cinématographiques de Bejaia
Publié dans El Watan le 17 - 09 - 2015

Du bon et du moins bon dans la sélection des 13ème Rencontres cinématographiques de Béjaia qui se déroulées du 5 au 11 septembre 2015. L'équipe de Abdelnour Hochiche a choisi 35 films sur les 350 reçus.
Béjaïa
De notre envoyé spécial
La sélection est dominée par les productions françaises. Les films algériens produits en Algérie sont peu présents. Idem pour les films africains, en dehors du Maghreb, moyen orientaux ou asiatiques. Les animateurs de l'association Project'Heurts, qui organisent les Rencontres de Béjaia, choisissent « le cinéma qui interroge la société ». D'où le slogan retenu cette année : « C'est le cinéma qui vous regarde ».
La bande annonce, conçue par Lilia Aoudj, insiste sur le regard des comédiens des différents films avec une musique qui invite à l'action. Les Rencontres débutent avec l'exposition « Chawari3 » de jeunes photographes au niveau du hall du théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh.
Certains clichés sont dignes d'intérêt, d'autres sont à mettre vite aux oubliettes. Après une ouverture en plein air au niveau du musée Bordj Moussa avec la projection du documentaire de Nassima Guessoum, « 10 949 femmes », consacré à Nassima Hablal, une des moudjahidate oubliées par la bien penseance patriotique, les projections (en blue ray) ont débuté avec un documentaire italien de Claudia Mollese, « Amara » sur la vie troublante de Mara, une transsexuelle de Lecce, la ville baroque des Pouilles, au sud de l'Italie. Pour l'image, Lecce est située sur le talon de « la botte italienne » !
Basé sur l'interview, le documentaire tente de recomposer la personnalité Mara, qui était riche, comblée et violente. A part cela, on apprend presque rien de ce film ennuyeux. Pourtant l'histoire de Lecce est si riche !

--- Qui vive : La banlieue fatalement violente ? ---
Qui Vive, premier long métrage de la Française Marianne Tardieu, projeté à la faveur de la Carte blanche 1ers plans d'Angers, raconte l'histoire de Chérif Arezki (Réda Kateb) vigile dans un centre commercial qui vit avec l'espoir de décrocher le concours d'infirmier.
Chérif, qui habite chez ses parents, est harcelé par des adolescents, oisifs, agressifs et méchants. Chérif, qui semble représenter l'ordre avec son costume et son talkie walkie, résiste comme il peut, mais veut se libérer, avoir un autre destin que celui de repérer des petits voleurs dans le magasin. Il rencontre Jenny (Adèle Exarchopoulos). C'est l'amour. Vite.
Puis, Chérif, qui paraît si fort dans sa tendresse, cède à la «pression» des harceleurs, accepte sans résistance de travailler avec le chef de bande Déda (Rachid Debbouz). Cette rapidité de passer d'un état à un autre pose problème. Il y a comme un paradoxe, surtout que «le basculement» de Chérif va entraîner le drame. Un drame qui confirme une fois de plus que le cinéma français ne peut pas s'éloigner de l'idée que la banlieue est forcément et fatalement un territoire de violence.
Violence parfois gratuite comme celle des adolescents qui harcèlent Chérif, lequel trahit son employeur. «Mon idée de cinéma était de construire un personnage complexe, vivant, changeant. Chérif est fort, droit, attentif à sa maman, qui a des valeurs. Mais, en même temps, il est fragile parce qu'il doute de lui. Il est vulnérable», a souligné Marianne Tardieu après la projection du film.
La jeune cinéaste, qui a évité de justesse de tomber dans les clichés, a expliqué que Réda Kateb a lu le scénario en public avant de commencer le tournage. Réda Kateb a porté tout le poids du long métrage sur les épaules, légèrement soutenu par le jeu naturel de Rachid Debbouz. «Le film a été écrit autour du personnage de Chérif, la sécurité privée et le gâchis de la jeunesse. Entre le début d'écriture et le tournage, cinq ans sont passés. Comme c'est le premier film, on met du temps à travailler. Le financement a été difficile pour le film», a-t-elle relevé.

--- Rocher noir : Une histoire incomplète ---
Dans le documentaire en langue française Rocher noir (ancienne appellation de Boumerdès), l'Algérien Chérif Aggoune s'est intéressé, à partir d'un scénario de Mohamed Khodja, à un épisode entouré de fantasmes et de contrevérités de l'histoire contemporaine algérienne : l'après-signature des Accords d'Evian et la composition de l'Exécutif provisoire algérien sous la présidence de Abderrahmane Farès.
L'Exécutif était composé, entre autres, de Chawki Mostefaï, Jean Mannoni, Abdelkader Hassar, Mohamed Benteftifa et Belaïd Abdessalam. Farès, secondé par Roger Roth, devait préparer le référendum d'autodétermination du 1er juillet 1962. Le titre initial du documentaire, produit à la faveur de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, était d'ailleurs Le 1er juillet 1962. Installé à Rocher noir, l'Exécutif devait gérer les affaires publiques jusqu'à la proclamation de République algérienne.
Durant cette période, l'organisation OAS commettait plusieurs attentats terroristes à Alger et ailleurs. Chérif Aggoune, qui a fait parler Chawki Mostefaï, s'est concentré sur la question, très controversée, des négociations qu'auraient eues Farès avec un chef de l'OAS. Farès aurait pris l'initiative sans informer le GPRA, installé alors à Tunis, ni de mettre au courant les autres membres de l'Exécutif. Ce qui a engendré le conflit. Mostefaï a confié que l'Exécutif a démissionné en raison de cette situation tendue avec le GPRA qui aurait traité Farès de «traître».
Pourquoi Farès, qui a été reçu à plusieurs reprises par le général de gaulle à Paris durant cette période, n'a pas coordonné avec le GPRA «les négociations» avec l'OAS. Le documentaire de Chérif Aggoune ne donne pas assez d'explications, mais a repris, avec exagération la version de l'OAS à travers une interview d'archives de Jean Jacques Susini, un des chefs historiques de l'organisation terroriste qui défendait «L'Algérie française».
Les dires de Susini, bourrés de mensonges, ne sont pas contredits dans le documentaire qui volontairement ou pas laisse planer le doute sur une période sensible de l'histoire algérienne. Chérif Aggoune n'a visiblement pas sollicité des consultants en histoire pour éviter les failles. «Le GPRA a chargé l'Exécutif provisoire de gérer les affaires à l'intérieur, prendre des décisions. Cela ne veut pas dire que l'Exécutif n'a pas informé le GPRA sur les négociations avec l'OAS. Le GPRA n'a dit ni oui ni non.
Il a laissé faire. Abderrahmane Farès est en réalité le premier Président de l'Algérie. Il a signé les premiers passeports algériens», a précisé le réalisateur. Le documentaire a ignoré l'activité politique de Farès d'avant les négociations d'Evian (il était membre de l'Assemblée française) et n'a pas détaillé les raisons de sa mise en prison par le régime de Ben Bella. Farès a été libéré en 1965 par le colonel Boumediène après le coup d'Etat du 19 juin. «Durant cette période, plusieurs nationalistes ont été arrêtés par Ben Bella.
Je ne pouvais pas m'étaler dans le documentaire car ce n'était pas mon sujet», a noté Chérif Aggoune. Il s'est appuyé pour la construction de son documentaire sur les mémoires de Abderrahmane Farès, La cruelle vérité (parues à Paris en 1982, puis à Alger aux éditions Casbah). Or, les mémoires offrent souvent une version subjective et limitée des faits historiques.

--- LA NUIT ET L'ENFANT : Après la peur, le soleil ---
Le jeune cinéaste français David Yon est allé dans l'Atlas saharien chercher «le paradis perdu». C'est lui-même qui l'a dit lors du débat sur son film Al fata oua layl (L'enfant et la nuit), co-écrit avec Zoheir Mefti et Lamine Bachar, et tourné dans la région de Djelfa. «Faute d'autorisation, j'ai tourné la nuit. Zoheir Mefti m'a dit, en regardant les images, que ce que tu as filmé n'est pas le paradis perdu puisque l'eau y est empoisonnée», a-t-il dit.
Le film, à forte charge poétique, suit le parcours nocturne du jeune Lamine et d'un enfant. Les deux personnages, peu loquaces, fuient une certaine terreur. Mais laquelle ? Le jeune homme parle d'un groupe terroriste qui a fait une attaque. Des terroristes qui sèment la mort et la désolation. La peur est intensifiée dans les yeux des fuyards par les lumières orange-feu de David Yon. L'enfant jette des pierres vers la lune alors que le jeune homme poétise son existence à travers des mots arabes soigneusement choisis.
Vont-ils arriver à destination ? Mais laquelle ? «On va où maintenant ?», s'interroge le petit garçon. David Yon appuie son propos par des images «rituelles» comme celle d'un coq égorgé. La fuite, la nuit, la perte, l'amertume, la peur, la déception… L'enfant et la nuit est un condensé de tout cela. Il y a un aller-retour entre «les confidences» de Lamine, qui dit avoir «perdu» sa jeunesse, et l'évolution des deux personnages dans un décor presque effacé. Le jeune homme met le feu à une maison en ruine ! Pour tout reconstruire ?
Considéré comme un film sur ce qui est appelé «la décennie noire» en Algérie, la fiction, qui peut être inaccessible pour le public qui ne connaît pas le contexte historique algérien, peut relever d'un cinéma philosophique qui cherche à placer l'humain avec ses rêves et ses tourments dans un territoire menaçant à la périphérie de la violence. «La mare blanche», évoquée dans le film, suggère cette idée puisque cet endroit, situé dans la steppe, a été attaqué par les terroristes rasant toute forme de vie.
Lamine, qui livre ses pensées à la caméra, est en quête de «libération», d'une autre vie, du soleil… «Le soleil ne reviendra qu'une fois la peur disparue», explique Lamine à l'enfant qui lui pose la question. «C'est une expérience intérieure de quelque chose. Je ne saurais dire quel est le degré de douleur. Il y a de l'émotion. Les lieux montrés dans le film ont été désertés au passage des terroristes. C'est un film qui ne donne peut-être pas de réponses aux questions que l'on peut se poser», a reconnu David Yon. «Il y a eu beaucoup d'improvisation dans l'écriture du scénario. Avant le début du terrorisme, nous avions des ambitions, des rêves. Après cette période, tout s'est arrêté. Nous sommes tombés dans un circuit fermé alors que le temps passait», a expliqué, pour sa part, Lamine Bachar. David Yon est le réalisateur d'un autre film tourné à Djelfa, Les oiseaux d'Arabie sur l'histoire des correspondances entre l'anarchiste Antonio Atarès et la philosophe Simone Weil.

--- Augusta Amiel Lapieski : Le puzzle d'une mémoire ---
Franck Renaud est, de son côté, revenu dans le court métrage Augusta Amiel Lapieski sur une porteuse de valise du FLN. Anne (Mounya Boudiaf) entre de force dans la maison de sa grand-mère Augusta Amiel Lapieski.
Elle ne connaît presque rien d'elle. Dans son lit d'hôpital et après sa mort, la mère d'Anne a laissé un livre, Le retour impossible. Evoluant dans la maison, Anne reconstitue «le puzzle» d'une mémoire inconnue, cachée, fouille dans les secrets de famille, dépoussière le non-dit. Ecrivaine, sa grand-mère était amoureuse de Lakhdar, un nationaliste algérien. Elle a laissé des confidences dans une bande magnétique qu'Anne écoute et réécoute. Des images d'archives tapissent les murs de la maison.
Le cinéaste a voulu, à travers sa technique, créer un espace mental et évoquer la guerre, la propagande coloniale, l'enjeu économique de l'occupation, la résistance des Algériens… Il ne dévoile pas tout sur le personnage mystérieux de la grand-mère qui, paradoxalement, a rejeté son enfant par… amour. «J'aime bien que ce travail de mémoire passe par une femme, raconter l'histoire de non-transmission entre trois générations. Le film commence par un lit vide pour évoquer l'absence.
Je n'ai pas la prétention d'être historien. J'ai questionné les traces pour savoir ce qui reste dans les images. Pour les besoins du film, j'ai plongé dans la mémoire et j'ai découvert la résistance citoyenne du réseau Jeanson. Augusta en faisait partie. Loin de la politique, les citoyens ont contribué à changer la donne. En France, cette période reste encore taboue. On est, du coup, obligé d'entrer par effraction dans la mémoire, comme Anne dans la maison de sa grand-mère», a relevé Franck Renaud.
Le jeune cinéaste s'est appuyé sur les images de René Vautier pour montrer la guerre de Libération nationale, les algériens qui étaient à l'époque des non-citoyens. «En France, des festivals n'ont pas retenu le film parce que le sujet du film est considéré comme tabou. Mais je n'ai pas eu de difficultés pour accéder aux images. René Vautier, qui était encore en vie à l'époque, a lu le scénario et accepté l'exploitation de ses images. Il avait des craintes puisqu'il a eu des soucis avec l'extrême droite et avec la censure», a souligné Franck Renaud.

--- Fièvres vs Timbuktu : deux destins contradictoires ---
Le Marocain Hicham Ayouch, frère de Nabil, a eu beaucoup des difficultés pour distribuer son film Fièvres en France (voir El Watan du 15 septembre), projeté en avant-première algérienne à Béjaïa.
La fiction, qui détaille une relation tendue entre un père et son fils dans une banlieue parisienne, n'a pas eu les faveurs du public français. «Je ne sais pas si cela est lié au sujet du film, ou au fait que les films qui marchent sont ceux qui bénéficient d'une grosse promotion avec des stars. Par contre, le film, tourné en France, a très bien marché en Afrique, bien accueilli au festival de Marrakech où Slimane Dazi et Didier Michon ont reçu le prix de l'interprétation masculine des mains de Martin Scorcèse.
Au Fespaco, à Ouagadougou, le long métrage a obtenu l'Etalon d'or. Le film a une vraie part d'africanité. Mes origines africaines sont clairement assumées et je me définis comme un conteur. Chez nous en Afrique, il y a cette tradition de l'oralité, du conte, présente dans tous le film», a confié Hicham Ayouch, présent à Béjaïa. En fait, Timbuktu du Mauritanien Abderrahmane Sissako, et Fièvres de Hicham Ayouch ont connu un destin contradictoire.
Bien accueilli et primé en France, Timbuktu a été rejeté, critiqué, attaqué en Afrique en raison de son regard figé sur le continent. Retiré vite des salles et descendu par la critique en France, Fièvres a rencontré le succès en Afrique où la fiction a eu plusieurs prix, saluée par la critique. Fièvres est d'ailleurs nominé à l'African movie academy awards (AMAA) en Afrique du Sud dans la catégorie Meilleur film d'un cinéaste africain de la diaspora. La cérémonie de remise des prix est prévue à la fin de ce mois de septembre.
Africa is moving ! Signe des temps ? C'est peut-être l'occasion ou jamais pour les cinéastes africains de penser à faire des films, de vrais films, à partir de leurs terres, de leurs valeurs, de leurs cultures, de leurs convictions au lieu de chercher à plaire à l'autre en adoptant son regard. Certains jeunes cinéastes algériens doivent probablement voir au-delà des petits festivals de cinéma de villages français, espagnols ou belges. Le monde est vaste et les territoires du cinéma sont immense

--- Je suis le peuple : Quelque chose bouge au pays de Taha Hussein ! ---
Enfin, Je suis le peuple de la Franco-Egyptienne Anna Roussillon est - et de loin - le meilleur documentaire présenté cette année à Béjaïa.
Au lieu de verser dans la facilité, autrement dit installer une caméra à la place Tahrir au Caire pour suivre la révolte du peuple égyptien et l'accélération des événements politiques, Anna Roussillon, qui a étudié la langue et la civilisation arabes, est allée à 700 km au sud du Caire. Elle s'est installée avec la famille de Farraj, un agriculteur.
L'homme s'intéresse à la vie politique de son pays, suit de près les nouvelles à la télévision, lit le journal, fait des commentaires sur les chances de Mohamed Morsi et celle d'Ahmed Chafik (les deux candidats de la première élection présidentielle indépendante de l'histoire de l'Egypte), ne cache pas son enthousiasme, dévoile ses déceptions…Puis, tout le village s'intéresse à la politique.
Quelque chose bouge enfin au pays de Taha Hussein ! Farraj poursuit ses travaux dans les champs, gère son petit moulin, cherche l'eau, joue avec ses enfants... La petite histoire dans la grande ! Je suis le peuple est un film intelligent, bien travaillé, à grande valeur esthétique. Les images sont soignées et les personnages bien dessinés. Je suis le peuple est le premier documentaire d'Anna Roussillon. Expérience réussie.

--- Le père vs La preuve : Troublantes ressemblances ---
Le scénario du court métrage franco-tunisien Le père de Lotfi Achour, projeté le dernier soir aux Rencontres de Béjaïa, ressemble curieusement à celui de La preuve du Franco-algérien Amor Hakkar.
Il s'agit de l'histoire d'un chauffeur de taxi qui embarque une jeune femme enceinte sur le point d'accoucher en lui apportant toute l'aide nécessaire. La femme va déposer plainte au niveau de la police en déclarant le chauffeur de taxi père du bébé. Les analyses vont prouver autre chose. Les ressemblances entre les deux films sont troublantes. S'agit-il d'un simple hasard ? Difficile de le savoir. Le père a obtenu le prix du meilleur court métrage au festival d'Abu Dhabi.


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