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Les frontières entre les genres filmiques mises à mal
Rencontres du film documentaire de Béjaïa
Publié dans La Tribune le 06 - 10 - 2011


De notre envoyé spécial à Béjaïa
Fodhil Belloul
La deuxième journée des rencontres du film documentaire de Béjaïa a été marquée par la diffusion de quatre moyens métrages, les Oiseaux d'Arabie de David Yon, Bîr d'eau de Djamil Belloucif, Hystérésis de Tahar Kessi et Face au vent, partition buissonnière d'Anne Marie Faux. Se voulant en lien avec les ateliers de formation organisés dans la matinée, ces projections ont été placées sous le thème «Les frontière entre les genres cinématographiques». En d'autres termes, existe-t-il une démarcation claire et précise entre la fiction, le documentaire, l'essai filmique et le film expérimental ? Le choix des œuvres n'étant pas fortuit, puisque chaque film se situe à la lisière de ces genres ; et le débat qui a suivi les projections fut, de par son intensité, significatif de la difficulté à établir une distinction entre ces genres.
Djelfa ou l'exil espagnol
Les Oiseaux d'Arabie de David Yon prend pour point de départ la découverte, par le réalisateur, d'une correspondance riche et inédite, celle entre la philosophe française Simone Weil (à ne pas confondre avec la femme politique) et un jeune militant anti franquiste Antonio Atarès. Ce dernier, après la victoire de Franco, s'est retrouvé, comme bon nombre de ses coreligionnaires, enfermé par l'autorité française, alors sous Vichy, dans des camps de travail à Djelfa. Simone Weil on le sait, à partir d'une démarche religieuse et mystique qui lui fut propre, a poussé la compassion et le partage de la souffrance des plus démunis jusqu'à subir volontairement les rationnements alimentaires auxquels étaient soumis les français en zone occupée. De sa fuite à Marseille, sur les territoires de la France libre donc, la philosophe juive écrit au paysan anarchiste exilé de force aux portes du désert. L'intérêt premier du film de David Yon, c'est l'établissement d'un rythme particulier, dû d'une part à la lecture en voix off de la correspondance, puis d'autre part par le subtil mélange d'images d'archives et d'images plus contemporaines de Djelfa, mais filmées en caméra super huit. La fonctionnalité du documentaire, s'il convient de le dire ainsi, s'établit par l'échange épistolaire intense qui provoque une identification chez le spectateur. Décidément, l'exil des républicains espagnols à Djelfa suscite encore fois l'intérêt des cinéastes.
Le manifeste urbain de Djamil Belloucif
Le jeune réalisateur algérien, avec Bîr d'eau, confirme un talent et un regard des plus originaux du cinéma national. Le film, sous-titré A walk movie, est une déambulation le long de la rue Burdeau, reliant le quartier du Telemly à la rue Didouche Mourad. Djamil Belloucif, qui est par ailleurs urbaniste, se propose, avec une simple caméra, de faire partager au spectateur un regard inédit sur cette rue d'Alger : le poids écrasant du développement urbain provoque une sorte d'anarchie plus au moins organisée. Et la présence du caméraman (censé être muet tout comme l'ingénieur du son) provoque tantôt la curiosité des passants, tantôt une certaine agressivité. Filmé comme un documentaire, Bîr d'eau joue en permanence avec la fiction et la matière réelle. A tel point qu'il sera difficile pour les spectateurs de cerner la démarcation. Le mérite premier de ce film est d'abord une exploration d'un échange de regards entre celui qui filme, rendu fictionnel par l'entourloupe du caméraman muet et celui des passants dont on ne discerne pas ceux qui jouent, qui improvisent, des véritables flâneurs de la rue Burdeau. Un véritable manifeste urbain et un éloge de l'humour algérois franchement savoureux.
Fiction verticale chez Tahar Kessi
L'une des meilleures surprises de cet après-midi cinématographique nous vient de l'algérien Tahar Kessi. Hystérisis est une expérimentation filmique et une interrogation profonde de l'idée même de création inédite dans le cinéma algérien. Nul besoin de chercher la trame chez Tahar Kessi, il faudrait plutôt privilégier «le sensoriel» comme il dit. En effet, ce moyen métrage donne très peu d'indications fictionnelles. Les personnages s'appellent AB ou BA, le scénario est pratiquement inexistant, les dialogues ne sont que des bribes de paroles. Au lieu et place des éléments traditionnels, Tahar Kessi filme «verticalement» c'est-à-dire qu'il interroge l'écriture cinématographique et la possibilité ou l'impossibilité de cette dernière. Retours en arrière, mise en abîme au quatrième degré, à l'exemple du plan où l'on voit le réalisateur à sa table écrire sur une feuille blanche un scénario où il est à sa table en train d'écrire un scénario, développement infini donc. Coupures brutales, scansion filmique haletante, en définitive métaphore puissante de l'obsession créatrice, poussée jusqu'à l'hystérie par l'image. Il est franchement difficile de sortir indemne de cette expérience.
Les survivants d'Anne-Marie Faux
Enfin, Face au vent, partition buissonnière pose la difficulté du deuil et de la responsabilité des survivants. La réalisatrice avoue avoir réalisé ce film à la suite de la perte d'un être cher. Les personnages sont réels, souvent des proches de la réalisatrice. Mais la fiction est introduite par l'élément de la lecture, en l'occurrence les lettre de Rosa Luxembourg. Nous voyons ainsi un panel d'êtres humains tantôt lisant, tantôt prostrés dans une attitude de tristesse et de passivité. Anne-Marie Faux explore à la fois l'attention particulière introduite par le deuil et la méditation, en alternant avec des photos souvenirs et de magnifiques plans où l'idée sereine de la nature est magnifiée. Difficile de saisir pleinement le sens de l'écriture de la réalisatrice, mais l'essentiel ne réside peut-être pas là. «Face au vent, des hommes ont continué à marcher et à gravir» est la phrase lue pratiquement par chaque personnage, comme un leitmotiv. Il en ressort une méditation filmique des plus particulières, et une poésie du souvenir et du deuil des plus touchantes. A chacun d'y voir ce qu'il veut par la suite.


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