40% des patients sont en rémission moléculaire pendant plusieurs années sans rechuter. Chaque année, entre 150 et 200 nouveaux cas de patients atteints de leucémie myéloïde chronique, cancer du sang et de la moelle, sont enregistrés en Algérie. Cette maladie rare, à laquelle les patients ne survivaient pas il y a quelques années, est aujourd'hui considérée comme une maladie chronique nécessitant un traitement et un suivi. La situation des patients a complètement changé au cours des années grâce au développement de la recherche et de la science. L'avènement de la thérapie ciblée a révolutionné le traitement de cette maladie et les patients peuvent espérer la guérison. L'espoir est permis pour un certain nombre de patients chez qui une rémission complète, ce qui signifie la disparition des signes de la maladie, a été obtenue durant deux années après le traitement. Mais cela ne signifie pas, avertit le Pr Benakli, hématologue et chef d'unité au Centre Pierre et Marie Curie, qu'il est aussi permis d'arrêter le traitement chez tous les patients. «Des études ont montré qu'il y a près de 40% des patients chez qui la rémission moléculaire dure plus longtemps sans rechute. Ceux-là peuvent arrêter le traitement, mais un suivi rigoureux doit être assuré impérativement. C'est d'ailleurs ce qui nous permet de dire qu'il y a un espoir de guérison chez certains patients», précise le Pr Benakli. La greffe de la moelle et l'avènement des thérapies ciblées ont effectivement, a-t-il encore souligné, changé l'image de la prise en charge de la leucémie myéloïde chronique. Ces thérapies offrent un meilleur pronostic, indique le spécialiste, puisque l'espérance de vie des patients est passée de 3 à 10 ans, voire 15 ans, ces dernières années, c'est ce qui est extraordinaire. Le Pr Benakli insiste donc sur une prise en charge précoce des patients, car les résultats sont satisfaisants, rapides et efficaces avec les nouvelles molécules de la classe des ITK. Une thérapie qui permet de freiner l'évolution de cette maladie et de réduire le taux de greffes qui était très important. Il a indiqué que moins de 5% des patients atteints d'une leucémie myéloïde chronique dans le monde et en Algérie nécessitent une greffe de la moelle osseuse. Le suivi est indispensable, rappelle-t-il. Le Pr Benakli déplore, par ailleurs, que la majorité des patients arrivent tardivement en consultation. Ce qui rend les résultats moins satisfaisants. C'est pourquoi, il est aujourd'hui important, recommande-t-il, d'effectuer des bilans sanguins régulièrement pour pouvoir prendre en charge précocement la maladie. La médecine du travail, a-t-il encore souligné, a un grand rôle à jouer et il est important que des campagnes de sensibilisation soient lancées afin de toucher un nombre très important de personnes. Il faut savoir que cette maladie est découverte de manière fortuite, c'est pourquoi il est important d'informer et de sensibiliser pour justement traiter le maximum de patients et surtout éviter les rechutes. «Le début de la maladie est souvent dénué de symptômes. Dans 40% des cas, la découverte de la maladie se fait ainsi de manière fortuite, à l'occasion d'un examen sanguin de routine», a-t-il ajouté.