La science est entrée aujourd'hui dans une nouvelle dimension et s'apprête à révolutionner le monde. Il s'agit de la dimension «Nano». Les chercheurs s'attellent ardemment à déceler les secrets de l'infiniment petit et promettent une révolution technologique qui tend vers plus d'efficacité et de rapidité. Depuis une trentaine d'années, l'invention de nouveaux microscopes a ouvert aux chercheurs les portes d'un nouvel univers encore inexploré et inconnu : la dimension nano. Celle du milliardième de mètre ou l'infiniment petit (un nanomètre = 10-9 m). Le monde invisible des atomes et des molécules a commencé à révéler ses secrets. En effet, cette nouvelle technologie consiste à développer des dispositifs ou des matériaux à une taille nanométrique invisible à l'œil nu et des centaines de fois plus fine que la largeur d'un cheveu. A cette échelle, la matière manifeste des propriétés surprenantes. Pouvoir les exploiter promettait une révolution, celle des nanotechnologies. Une avancée radicale et efficace qui allait repousser les limites de pratiquement toutes nos technologies actuelles. Aujourd'hui, l'avant-garde des produits issus de ces recherches fait poindre des laboratoires de haute technologie et scelle son entrée dans notre vie. La science et la technologie annoncent grâce à leur «nano», un monde fascinant, des domaines de recherche presque infinis et des perspectives miraculeuses. Des secrets des matériaux à ceux de l'énergie, de l'environnement à la médecine en passant par l'électronique ou l'agriculture, les nanotechnologies permettront plus tard d'aller vers le plus performant, le plus résistant, le moins cher, et surtout le moins polluant. L'Algérie et l'Afrique du Sud, les deux plus grands pays du continent, ont décidé de ne pas rester en marge de cette nouvelle science. Dimanche dernier, ils ont annoncé, dans le cadre de la coopération scientifique, la réalisation prochaine d'un centre de recherche dédié à la synthèse et la caractérisation des nanomatériaux pour différentes applications. En attente d'une décision concertée entre le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique algérien et son homologue sud-africain sur le lieu d'implantation du centre, une réunion est prévue dans ce sens le mois prochain (octobre) en Afrique du Sud. A cet effet, la direction de la recherche scientifique et du développement technologique (DGRSDT) a organisé un workshop sur les nanotechnologies. Le but de cet atelier, qui a réuni des experts de différents centres de recherche algériens et sud-africains, est de renforcer la coopération entre les deux pays dans le cadre des conventions bilatérales. Cofinancement «Notre objectif est de promouvoir la recherche scientifique et le développement technologique dans le domaine des nanotechnologies entre les deux pays. Nous disposons de ressources humaines hautement qualifiées dans ce domaine. Notre but est d'introduire les matières de la recherche scientifique dans le marché algérien», a indiqué le Pr Hafid Aourag, directeur général de la DGRSDT. De son coté, Suprakas Sinha Ray, directeur du département des sciences et technologies d'Afrique du Sud, a expliqué que les relations entre les deux pays sont «exemplaires». «Maintenant nous devons travailler ensemble afin de promouvoir la recherche appliquée particulièrement celle des nanotechnologies. Ceci nous permettra d'en tirer profit. Chaque pays a ses atouts. Par exemple, l'Algérie avec son centre de recherche CDTA dispose de bons moyens et dans beaucoup d'universités il y a d'excellents chercheurs. La question est de savoir comment réunir les deux compétences pour une vision commune ? Ceci est notre objectif du moment», déclare-t-il en marge de la conférence. Selon les intervenants des deux pays, la coopération a atteint un stade très avancé : 25 projets cofinancés, résultant de la publication de 35 travaux dans des revues ainsi que la réalisation de produits innovants issus des nanomatériaux. Essentiellement, les projets inscrits dans le programme bilatéral de recherche visent trois secteurs, à savoir : l'énergie, l'eau et la santé. Malik Maaza, chercheur au laboratoire des nanosciences en Afrique du Sud affichait son optimisme par rapport à cette démarche. «Nous avons essayé d'identifier les pays avec lesquels on pouvait s'embarquer dans le domaine des nanotechnologies. Un domaine considéré aujourd'hui comme stratégique. Il est à signaler que la communauté mondiale a investi énormément dans cette sphère. Et c'est la première fois qu'il y a eu des investissements aussi bien dans les secteurs privé que public», explique le Pr Maâza. «Il convient également de rappeler que l'Algérie est un géant dans certaines disciplines, notamment celle de la science des matériaux. Il faut maintenant qu'on aille au-delà de ces conventions bilatérales et qu'on s'implique dans des projets de grande envergure, en mettant les moyens nécessaires aussi bien financiers qu'humains pour contrecarrer les problèmes dont souffre l'Afrique, notamment celui de la santé», ajoute le professeur. Au fur et à mesure des avancées de la science, les chercheurs en ont appris plus sur tous les processus qui maintiennent les êtres vivants en vie. Ces scientifiques exerçant dans les différents domaines de la science ont compris ces processus à un tel degré de précision, qu'il devient possible aujourd'hui pour des chimistes, des physiciens, des biologistes et des ingénieurs d'intervenir sur les processus à l'aide d'une structure synthétique. La phrase d'un chercheur américain démontre l'efficacité des nanotechnologies : «Ce qui m'a le plus frappé dans l'utilisation des nanotechnologies, c'est qu'on peut tenir le stock des nanoparticules nécessaires pour deux ans de production dans une tasse à café.»