La Galerie Civ-œil, sise à Miramar, abrite, jusqu'au 21 octobre, « l'art yajouz » une belle exposition de 11 artistes qui dénoncent les ségrégations faites aux femmes. Aux obscurantistes de tous poils, qui débitent à longueur de jours des «la yajouz» à profusion, des jeunes artistes leur répondent : «l'art yajouz !». C'est à la galerie «Civ-œil» qu'une exposition collective, qui a choisi justement pour appellation cette ingénieuse formule, a élu domicile. Pour rappel, la galerie «Civ-Œil», se trouvant à Miramar, vient grossir les rangs des associations et centre culturels qui contribuent à l'animation de ce quartier : Bel-Horizon, le Petit Lecteur, Fard, l'Afepec, la cinémathèque, l'Institut Français etc. «L'art yajouz» est une exposition de jeunes artistes, d'Oran, d'Alger, de Tlemcen, de Sidi Bel Abbès, et même de Paris, qui ont choisi les arts contemporains pour dénoncer les ségrégations dont sont victimes les femmes. «Réunis en résidence artistique dans le cadre du projet le Monde selon les femmes, c'est plus de vingt jeunes artistes, peintres, photographes, plasticiens… venus de différentes régions du pays et d'ailleurs qui, à travers leurs différentes expressions artistiques, se prononcent résolument contre les violences à l'égard des femmes, et pour une société qui avance» nous annonce-t-on, avant de préciser que cette exposition, qui se tiendra jusqu'au 21 octobre à la galerie Civ-œil, est un prélude «d'une exposition itinérante sur le territoire national». Néanmoins, dans l'exposition qu'abrite Oran, ce sont seulement 11 des 20 artistes qui exposent leurs œuvres. Parmi eux, on compte les artistes plasticiennes Amel Djendi et Souad Douibi, d'Alger, mais encore les photographes Arslan Naïli, Houari Bouchenak, Fatima Chafaa, Karim Nazim Tidafi, Lynn SK, Maya-Ines Touam, et Warda Mansri. Mohamed Amine Ghalmi, de Sidi Bel Abbès, est le seul peintre du groupe d'artistes. Hélas, tous les artistes n'ont pas pu faire le déplacement jusqu'à Oran, pour le vernissage qui a eu lieu dimanche dernier. Oeuvres étonnantes On peut s'attarder de longues heures à contempler cette exposition, scruter les tableaux, s'attarder sur les vidéo. Il s'agit d'un véritable plaisir pour les yeux et l'esprit, où les messages forts, contre toute forme d'obscurantisme, sont délivrés par la voie de l'art, voir même avec un peu d'humour et d'ironie. Fatima Chafaa a présenté un tableau illustrant une une sculpture éphémère réalisé avec du papier hygiénique, une œuvre étonnante et néanmoins appréciée par les visiteurs. Houari Bouchenak a choisi un portrait furtif d'une femme alors en mouvement. Il a appuyé son œuvre par un poème de Mohamed Dib, comme pour ouvrir un indice à son public : «l'embellie, comme elle va le visage claire/ l'oublieuse, comme elle ouvre, d'autant les yeux/ preciente c'est la durée colportée l'espace accompli/ elle n'est que hasardeuse passante sur les digues du jour» Maya-Ines Touami a choisi de donner pour titre à son œuvre «révéler l'étoffe», qui est une série d'une vingtaine de photographies de femmes de tous âges, réalisées à Alger en 2014. Le travail de Warda Mansri se veut de bousculer un peu l'ordre établi : une œuvre qui s'axe, aux dires de l'artiste, sur ce que préfèrent les hommes dans l'anatomie féminine. Mohamed Amine Ghalmi présente quant à lui «la yajouz» (ce n'est pas permis !), composé de magnifiques fresques par lesquels il revient sur l'hostilité de certains hommes à l'égard de la femme. On peut aussi dénicher, quelque part dans la galerie, cette belle citation attribué à Schopenhauer : «l'art reproduit les idées éternelles qu'il a conçues par le moyen de la contemplation pure, c'est-à-dire l'essentiel et le permanent, de tous les phénomènes du monde».