Le gouvernement palestinien fait porter l'entière responsabilité de la mort de Ziyad Abou Ein, chargé du dossier de la colonisation et du mur de séparation raciste au sein de l'Autorité palestinienne, à Israël. Ghaza de notre correspondant Le responsable palestinien, au grade de ministre, est mort mercredi, près du village de Tarmsaaiya, au nord de Ramallah, en Cisjordanie occupée, après avoir été brutalement agressé par des soldats israéliens, alors qu'il participait a la plantation, en compagnie de dizaines de militants, d'oliviers sur des terres menacées de confiscation au profit de nouveaux projets de colonisation. Les résultats de l'autopsie de la dépouille de Ziyad Abou Ein, ancien prisonnier dans les geôles israéliennes et américaines et membre du conseil révolutionnaire du Fatah, hier dans la matinée, ont confirmé la thèse de la mort suite à des violences. Une équipe de médecins légistes, dont un Palestinien, deux Jordaniens et un Israélien, ont participé à l'autopsie. Le médecin israélien a refusé de signer le rapport d'autopsie pour absence de traduction en hébreu. Des obsèques officielles, auxquelles ont participé des milliers de citoyens et l'ensemble de la direction palestinienne, ont été organisées dans la matinée d'hier, au siège de la Présidence, à Ramallah. Options Très touché par l'assassinat de Ziyad Abou Ein, symbole de la lutte pacifique contre la colonisation, le président Mahmoud Abbas, présent aux obsèques, a haussé le ton en déclarant que toutes les options sont ouvertes pour répondre au crime israélien. L'assassinat de Ziyad Abou Ein — qui, quelques minutes avant sa mort, s'est plaint devant les caméras des télévisons présentes sur place de la violence injustifiée des soldats israéliens à son égard et contre les militants présents — a ému l'ensemble du peuple palestinien. Il a en plus réussi, par cette mort en direct et sa qualification de l'armée israélienne d'«armée terroriste qui agresse des Palestiniens juste parce qu'ils plantent des oliviers sur des terres palestiniennes, alors qu'ils n'avaient même pas jeté une pierre sur les soldats» à embarrasser le gouvernement israélien et l'occupation. Il a montré sa face hideuse que l'Etat hébreu essaye de masquer à l'occasion des multiples agressions contre le peuple palestinien. Retombées La mort de Ziyad Abou Ein survient alors que les tensions sont vives dans l'ensemble de la Cisjordanie occupée et particulièrement dans la ville sainte d'El Qods. D'ailleurs, des heurts entre des citoyens palestiniens et des soldats israéliens ont été signalés, dans la rue Salah Eddine, au cœur de la ville sainte, alors qu'on enterrait Abou Ein au cimetière des martyrs El Bireh, près de Ramallah. La première conséquence de l'assassinat du militant et dirigeant palestinien a été la décision de l'arrêt de la coopération sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël, prévue par les Accords d'oslo. Selon Hannane Achraoui, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, c'est le président Mahmoud Abbas qui en a donné l'ordre. Cette mesure a toujours été appréhendée par Israël et la direction palestinienne ne l'a jamais utilisée, même au cours des graves événements vécus dans les territoires palestiniens. L'arrêt de la coopération sécuritaire met en fait fin à toute forme de contact avec les autorités israéliennes puisque les négociations de paix sont à l'arrêt depuis longtemps déjà. Les retombées de cette décision peuvent être très dangereuses sur la situation sécuritaire dans la région, en plus de toutes les difficultés que vivra la population palestinienne à cause des mesures draconiennes que pourrait prendre l'armée israélienne en réponse à l'arrêt de la coopération sécuritaire. Mais il est évident que la direction palestinienne ne changera pas sa stratégie de lutte pour mettre fin à l'occupation. D'abord par la résistance populaire pacifiste sur le terrain, à l'image de l'activité au cours de laquelle a été assassiné Abou Ein, qui embarrasse l'Etat hébreu plus que toutes les autres formes de résistance. Ensuite à travers les batailles diplomatiques au sein des instances internationales, l'ONU en premier lieu, pour arracher une résolution du Conseil de sécurité demandant la fin de l'occupation israélienne selon un calendrier déterminé d'avance. Enfin, rejoindre tous les organismes internationaux, dont la Cour pénale internationale pour faire juger les responsables israéliens pour leurs crimes commis contre le peuple palestinien. Quant à l'éventuel déclenchement d'une troisième Intifadha populaire, personne ne peut prétendre prédire ce qui se passera dans les prochains jours, bien que tous les ingrédients nécessaires soient bien présents.