L'appel du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, à constituer un nouveau front pour soutenir le président Bouteflika ne capte pas… la foule de la clientèle. Une semaine après son lancement, le projet que l'on peut qualifier d'OVNI politique suscite, plutôt, la méfiance des principaux «souteneurs» du chef de l'Etat depuis 1999. Initiée dans une volonté d'imposer le leadership de l'ex-parti unique qui a recouru à un recrutement massif des ministres pour créer l'illusion de sa suprématie au niveau de toutes les institutions, la proposition vient de recevoir une première réponse négative. Celle-ci vient du Rassemblement national démocratique (RND) qui rend la pareille au patron du FLN qui avait rejeté une proposition faite par Ahmed Ouyahia pour reconstituer l'«alliance présidentielle», en l'élargissant au TAJ et au MPA. «S'agissant des formes et des organisations, nous considérons que cela est secondaire. Chaque parti a fait une proposition, y compris le RND. Cela mûrira avec le temps pour dégager une approche commune», explique le secrétariat national du RND, dans un communiqué rendu public à l'issue de sa réunion, tenue vendredi à Alger. Cette réponse constitue un refus très diplomatique à l'initiative de Amar Saadani. Avant de donner sa réponse, le RND tient à mettre les formes, tout en renouvelant son allégeance au président Bouteflika. Dans un souci d'éviter toute «mauvaise» interprétation de sa position et lever toute équivoque, la formation d'Ahmed Ouyahia réitère son soutien inconditionnel au chef de l'Etat. «Concernant le soutien à Monsieur le président de la République et la défense des intérêts supérieurs du pays, le RND et le FLN sont des alliés stratégiques. Le RND sera toujours présent en première ligne pour soutenir le président Abdelaziz Bouteflika et pour appuyer le gouvernement au Parlement», lit-on dans le communiqué. Pour le parti d'Ahmed Ouyahia, «à chaque fois que cela sera nécessaire, il collaborera avec tous ceux avec lesquels il partage les mêmes positions». L'expérience boiteuse de l'Alliance présidentielle La réaction du RND témoigne, on ne peut plus clair, de la difficulté à laquelle font face les partis au pouvoir quand il s'agit de travailler ensemble. Trop gourmand, le FLN de Amar Saadani ne veut pas se départir de son égoïsme et être «la première force politique du pays». Une attitude qui ne favorisera pas la constitution du nouveau front souhaité par Saadani. Cette fois-ci, ce dernier table sur le nombre. Il veut brasser large en fédérant tous les partis et les organisations satellitaires du pouvoir autour de son projet. Mais son reste très floue et les chances de réussite sont déjà très minimes. En tout cas, les partis au pouvoir ont déjà prouvé leur incapacité à s'entendre par le passé. Notamment en lançant, en février 2004, l'Alliance présidentielle qui a regroupé, à l'époque, le FLN, le RND et le MSP. Cette troïka a fini par s'autodissoudre en 2012 après avoir constaté ses limites et son inutilité dans le paysage politique national. Pis encore, leur soutien aveugle au programme du président Bouteflika a fini par mener le pays à la crise économique, après des années d'embellie financière. Trois ans après, le FLN et le RND veulent reconduire la même expérience boiteuse.