Ils réfutaient l'idée qu'y ramener de la musique classique constitue un défi, même si la « musique sans parole » n'est pas le bien le mieux partagé. Ils se sont rendus à l'évidence en s'apercevant du déficit à combler. Cependant, ce qui a plutôt attristé Saouli et pour cela il a protesté auprès de qui de droit, c'est le déficit en publicité autour de l'événement. Il reste que la salle de la maison de culture, ne recevant qu'épisodiquement des événements culturels et artistiques, n'a pas fidélisé un public. Elle n'y réussit d'ailleurs que le Ramadhan où les spectacles sont quotidiens et le public en sortie chaque soir. Bouazzara, lui, se fera violence pour aller donner une interview à l'équipe de l'ENTV. Cette dernière, suprême affront, n'avait pas trouvé mieux que de réaliser des interviews dans la salle et d'utiliser l'OSN en action comme toile de fond. Tant pis pour le bruit dans un lieu où le silence devait être religieux. Le peu de public présent, conscient de la situation, a applaudi fort chaque tableau exécuté pour couvrir la défaillance des acclamations absentes. Il a ovationné les artistes et leur a laissé entendre de ne pas oublier Aïn Témouchent lors de sa prochaine tournée nationale. Il y a intérêt, comme l'explique un spectateur venu avec un ami de Aïn Tolba à 15km de là. Mekki Zaoui est un musicien au riche parcours. Pour lui, il y a lieu de positiver l'événement : « Dommage qu'il n'y a pas de radio locale, car elle aurait pu faire un battage qui aurait rempli la salle. Néanmoins, il ne faut pas oublier que c'est la première fois qu'une telle manifestation a lieu à Aïn Témouchent. Par ailleurs, dans toute la salle, il n'y avait que deux ou trois personnes qui possèdent les clés pour pleinement apprécier le concert. A Aïn Témouchent, il n'y a pas de conservatoire ni d'institut de musique pour diffuser et populariser la musique savante. Alors, à comparer, la sortie de l'OSN à Aïn Témouchent a plus de mérite qu'à Alger. Et de ce point, cela a été une réussite ce soir. Imaginez, on a donné à goûter de la musique classique à travers l'orchestration des mélodies puisées de la musique de variété et du folklore, donc à partir de quelque chose qui est familier à l'oreille d'un public profane avec à la différence que cela lui est servi arrangé sur un mode académique. Puis, intercalés parmi les différents tableaux, des mouvements de symphonies sont passés superbement ». Assurément, un premier jalon a été marqué avec une moitié de public formé d'adolescents, des jeunes qui ont été tout ce ouïe et tout respect pour leur premier spectacle vivant de musique classique. Ils en sauraient gré aux artistes de l'OSN de les avoir durant près d'une heure trente fait voguer musicalement entre Oranie et Aurès, entre Hoggar et Djurdjura, entre sublime 5e Symphonie de Beethoven et Marche Raderzky de Strauss.