Le cas de Marie Simone, cette ressortissante camerounaise victime d'un viol collectif à Oran, a suscité l'indignation générale sur la Toile et au sein de la société civile. Petit rappel des faits : le 1er octobre, Marie Simone a été victime d'un lynchage par une bande de huit voyous qui ont honteusement abusé d'elle après l'avoir tabassée. Se dirigeant alors vers la brigade de la Gendarmerie nationale accompagnée par son mari pour porter plainte, elle en est ressortie bredouille après qu'on lui ait signifié que sa plainte ne pouvait être enregistrée dès lors qu'elle séjournait illégalement en Algérie. Après le tollé provoqué sur les réseaux sociaux et les pétitions mises en ligne demandant aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités, la plainte de Marie Simone a finalement été enregistrée. Deux suspects sur les huit violeurs ont été retrouvés, alors que les autres sont activement recherchés. L'affaire est en instruction et les deux suspects arrêtés ont été entendus, le 11 octobre, par le juge. Aujourd'hui, Marie Simone bénéficie de l'assistance d'un avocat et d'un accompagnement psychologique et médical. Afin de se protéger, elle désire ne plus communiquer par le biais des médias. Fatma Boufnik, membre de l'association Femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD) et signataire de la déclaration commune élaborée le 12 octobre à Oran par une douzaine d'ONG, rappelant à l'Algérie les engagements qu'elle a ratifiés, notamment en ce qui concerne le droit de porter plainte, nous a déclaré que le jour de la tenue du procès des présumés coupables, un rassemblement se tiendra devant le tribunal en signe de solidarité avec la victime. «Il a fallu faire pression pour qu'on enregistre sa plainte. Cela veut-il dire qu'à chaque fois qu'une personne veut porter plainte, il faut qu'il y ait de la pression ?» De son côté, le bureau d'Oran du Mouvement démocratique et social (MDS) s'est fendu d'un communiqué condamnant «ces odieuses et criminelles agressions cumulées qu'a subies une jeune femme camerounaise de confession chrétienne». Le MDS dénonce «la discrimination qu'elle a vécue de la part des agents de service de santé qui ont refusé de la soigner, des éléments de la médecine légale qui lui ont refusé toute attestation médicale appropriée et, enfin, celle des agents des services de sécurité qui lui ont refusé toute assistance, ne serait-ce que l'enregistrement de sa plainte». Par le biais de ce communiqué, le MDS veut joindre sa voix à celles qui se sont élevées pour condamner cet acte abject, tout en apportant son soutien indéfectible à la victime, mais également «à tous les migrants en ces temps ô combien difficiles pour eux». Le MDS invite, au passage, les pouvoirs publics à mettre un terme et à se démarquer des «attitudes xénophobes, voire scélérates et déshonorantes qui prévalent dans tout le monde dit arabo-musulman face à la crise humanitaire de l'heure, dite des migrants, qui ne trouvent de relatif salut que dans des contrées non musulmanes». A ce titre, «leur garantir les soins et la sécurité est un minimum qu'il serait indigne de ne pas leur assurer». Subrepticement, le MDS fera un lien entre cette affaire et le blocage à l'APN du projet de loi sur les violences faites aux femmes : «La façon dont les conservateurs ont bloqué le projet de loi sur les violences contre les femmes, la manière dont la stratégie nationale adoptée en 2006 pour lutter contre ces violences a été mise au placard, les incidents d'agents de sécurité interdisant à des femmes l'accès à des institutions en raison d'habit non conventionnel, etc., tout cela nous incite à renforcer ces dénonciations par des actions concrètes et concertées.» Le MDS n'est pas le seul à avoir réagi. La semaine dernière, Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, s'est dite «choquée par le cas de Marie Simone» et «outrée» par le silence des autorités algériennes, les accusant de «complicité».