Les effets de la crise touchent l'ensemble des entreprises du secteur économique public. Cependant, ce sont les entreprises du secteur de l'énergie qui sont le plus sollicitées à l'effet de rentabiliser leurs investissements pour répondre aux impératifs économiques, tout en respectant rigueur et maîtrise des coûts. Ainsi, après Sonelgaz et Sonatrach, c'était hier au tour de Naftal de réunir ses cadres au cours d'un brainstorming pour se pencher sur la question. Cependant, si les responsables de l'entreprise ont tenté d'afficher une image de sérénité, c'était sans compter sur un début d'agitation syndicale. En effet, le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Sid Ali Beldjerdi, a exprimé, à la presse en marge de la rencontre, un certain mécontentement annonçant une prochaine rencontre entre les cadres syndicaux, donnant ainsi du crédit aux rumeurs concernant une colère sur le front social. Cela ne semble pas pour autant inquiéter le premier responsable de l'entreprise. Le PDG de Naftal préfère mettre en avant l'aptitude du top management à travailler et à dialoguer avec le partenaire social, estimant que le climat social est tout à fait serein. Cela n'empêchera pas Hocine Rizou de remettre les points sur les «i», en affirmant que la priorité est, aujourd'hui, au développement de l'entreprise et à l'investissement. Il rappelle avoir été «désigné à la tête de cette entreprise avec la mission de la développer». M. Rizou estime, par ailleurs, que «les résistances au changement font partie de la nature humaine, mais je suis déterminé à aller au bout du projet de développement et de modernisation de Naftal qui doit devenir la locomotive du développement économique du pays». L'entreprise fait face à un certain nombre de difficultés, à l'image de la perte de parts de marché au profit d'opérateurs privés, notamment dans des segments comme les lubrifiants, les bitumes et le pneumatique. Baisse de 75% du chiffre d'affaires Il s'agit aussi du déficit de certaines activités, comme les carburants et le GPL, où l'entreprise enregistre un déficit de 75% du chiffre d'affaires, en raison de prix administrés et extrêmement bas. D'où l'importance des défis auxquels l'entreprise devra faire face. Pour le PDG de Naftal, il s'agira surtout de coordonner les nécessités de la mission de service public assignée à Naftal, et les exigences de rentabilité de l'entreprise économique. D'où la nécessité de «repenser les investissements prévus dans le cadre du plan de développement à moyen terme pour donner la priorité aux investissements répondant aux contraintes rencontrées sur le terrain, en matière de stockage, de transport par canalisation et de modernisation des stations-service» et de répondre ainsi à une demande croissante qui devrait atteindre 16 millions de tonnes de produits pétroliers en 2015. M. Rizou, qui explique que Naftal, en tant que filiale de Sonatrach, est associée aux différents projets de raffinage, indique aussi que l'entreprise entend investir dans le cadre de partenariats dans certaines activités à sa portée et qui ne dépendent pas de l'importation. Des investissements qui lui permettront de produire, d'exporter et d'aller à la conquête de marchés régionaux. Et si la question des prix suscite l'inquiétude quant aux équilibres financiers de l'entreprise qui risquent d'être compromis dès 2020, M. Rizou indique que le dossier est déjà pris en charge par les autorités. Il pense cependant, qu'«il y a des choses à faire en interne» pour réduire les coûts et rentabiliser les investissements. Enfin, le PDG de Naftal a annoncé la création d'une carte à puce destinée à remplacer les bons d'essence pour les gros consommateurs, tout à fait indépendamment du projet de la carte carburant, toujours en cours d'étude auprès des autorités du secteur.