L'âge de la retraite atteint, sinon anticipé grâce aux dispositifs légaux mis en application par les instances concernées, des centaines de personnes se rabattent, après avoir trimé, des décennies durant, dans le secteur public, sur le secteur privé. Dans bien des cas, ce choix mène irrémédiablement vers l'exploitation et l'humiliation de ces fonctionnaires moyens, ces cheminots, ces cadres, ces éducateurs… naguère satisfaits de leur maigre salaire, réduit, aujourd'hui par le barème de la Caisse nationale des retraites (CNR) et fortement affecté par l'érosion du pouvoir d'achat. C'est le cas de Hamma, un sexagénaire qui assure quotidiennement huit heures de travail dans un magasin du centre-ville en contre partie d'un petit pécule. Il dénonce tout haut l'ingratitude du système : «Je perçois mes 15 000 DA en sus de ma pension de retraite qui ne dépasse pas les 24 000 DA. Dans le meilleur des cas, je m'en sors avec 5000 DA de dettes chaque mois. Peut-on parler d'équité face à ce déséquilibre entre nos mensualités et le prix du couffin pour ne pas allonger la liste par d'autres besoins tels que mon traitement médical onéreux ?» Les restaurateurs, les gérants de café, les producteurs privés ne tiennent pas compte, dans leur majorité, du calvaire vécu au quotidien par ceux qui espèrent améliorer leur quotidien par cet effort supplémentaire, combien éprouvant pour cette frange affaiblie par l'âge et ces longues années de labeur. «J'ai eu une mauvaise expérience avec au moins deux nouveaux riches de Souk Ahras ; l'un me proposait en plus du suivi de ses documents comptables, des courses pour sa famille et le deuxième voulait calculer mon salaire sur la base de la moitié de ma pension de retraite, arguant que ses charges ne pouvaient supporter les 18 000 DA de SNMG», a dénoncé L. Nouar, un chevronné de l'administration. Il existe, toutefois, une partie de ces retraités éprise de libre initiative et fortement décidée à s'impliquer positivement dans le monde du travail. Il existe, parmi eux, des potentialités converties en avocats, en entrepreneurs du bâtiment, en artistes, artisans… Bref, de quoi signifier aux «autres» que ceux qui se rendaient à leurs postes de travail, le torse bombé et le regard décidé, sont aussi capables de prouesses de deuxième souffle, loin des nouveaux nababs et des recycleurs de la manne pétrolière, elle-même érodée par la chute du prix du pétrole.