Annoncé à la fin du mois d'août dernier, le mouvement des archs de Kabylie vient de présenter sa conception de la prochaine Constitution. Les archs ont, en effet, rendu public, hier, leur mémorandum « pour une république démocratique et sociale en Algérie » dans lequel ils exposent les grandes lignes de ce qu'ils considèrent comme l'idéale loi fondamentale du pays. Le document, dont nous avons eu une copie, exige la prise en charge, à la faveur de la prochaine révision constitutionnelle, de l'identité algérienne, notamment dans son volet relatif à la langue et la culture amazighes. Se référant à la plate-forme d'El Kseur, la proclamation du 1er novembre 1954 et la plate-forme de la Soummam 1956, ce mémorandum insiste sur la consécration de l'identité amazighe comme préalable à la réconciliation des Algériens avec leur histoire. « La langue amazighe doit être reconnue avec le statut de langue officielle qui lui revient de droit (par modification des articles 3 et 178 de l'actuelle Constitution). Ainsi, cette langue millénaire du peuple algérien aura retrouvé sa place naturelle aux côtés de la langue arabe. La réhabilitation constitutionnelle de cette langue ancestrale permettra à chaque citoyen algérien de retrouver sa véritable identité historique pleine et entière », lit-on dans ledit mémorandum. La mouvance des archs se réfère également, pour appuyer sa revendication, à l'accord conclu avec le gouvernement le 15 janvier 2005 « engageant l'Etat algérien à mettre en œuvre la plate-forme d'El Kseur dans le cadre de la Constitution et des lois de la République ». Suivant la même logique, le document met en avant la nécessité de consacrer « l'algérianité comme personnalité du peuple algérien ainsi que référence à son appartenance nord-africaine dans le préambule de la Constitution ». La déclaration comporte aussi des propositions pour la consolidation des libertés démocratiques, le respect de la volonté populaire dans le choix de ses représentants, la consécration de la liberté d'expression et du multipartisme ainsi que la séparation effective des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Le mouvement propose la révision de l'article 2 de l'actuelle Constitution instaurant l'Islam comme religion de l'Etat. Pour les archs, il faut absolument séparer la religion de l'Etat. Afin de respecter le choix populaire dans la désignation de ses représentants, le document demande « la révision du code électoral en le mettant en conformité avec la Constitution, en particulier dans ses articles 10 et 11 ». Dans le même exposé, les archs se montrent favorables à la révision des articles 82, 101 de la loi actuelle de manière à renforcer le pouvoir législatif et le libérer de l'emprise de l'exécutif. D'autres amendements ont été aussi proposés pour garantir l'indépendance de la justice ainsi que la protection et la promotion des libertés individuelles des citoyens.