Lors de sa visite, hier, à Sétif, le chef de l'Etat a émis des réserves quant à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Le président de la République a lancé, hier, depuis Sétif où il effectue une visite, un appel ambigu au dialogue au mouvement des archs. “J'invite personnellement, une fois de plus, le mouvement des archs à engager le dialogue avec le Chef du gouvernement en vue de la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, dans tout ce qui ne porte pas atteinte à l'unité du peuple algérien et à l'intégrité de l'Algérie éternelle”, a-t-il déclaré tout en rappelant avoir “chargé, voilà près de deux mois, le Chef du gouvernement de lancer un appel au mouvement des archs pour un dialogue destiné à dénouer cette situation qui pèse lourdement sur la population de la région”. Il y a deux mois, en effet, à l'occasion de sa présentation du programme du gouvernement à l'Assemblée nationale, le Chef du gouvernement avait lancé cette invitation. M. Ouyahia s'était même adressé en kabyle, pendant 5 minutes, aux délégués du mouvement pour les assurer que son offre était sincère et qu'il l'avait adoptée “en accord avec le président de la République”. Après ce discours, les délégués de Bouira, Béjaïa et notamment ceux de Tizi Ouzou, emprisonnés depuis des mois, ont été mis en liberté provisoire. Les coordinations régionales du mouvement citoyen ont tenu, juste après la libération de leurs délégués, séparément, des conclaves avant de se retrouver lors de la dernière réunion de l'Interwilayas à Amizour où la réponse à l'invitation du Chef du gouvernement a été rendue publique. Les délégués de l'Interwilayas avaient conditionné leur acceptation de l'offre de dialogue par “l'engagement public et solennel du chef de l'Etat en faveur de la plate-forme d'El-Kseur”. La réponse des archs était également assortie d'autres conditions, telles que la levée des poursuites judiciaires à l'encontre des délégués du mouvement et la garantie pour eux de pouvoir activer et se réunir librement. Aucune position ou réaction officielle n'a été enregistrée, par la suite. M. Ouyahia avait tenu, toutefois, le mois en cours, lors d'une réunion du bureau national de son parti, le RND, à exprimer ses regrets quant à la réponse des archs. Depuis, c'est le silence radio. Hier, Bouteflika a donc rompu ce silence, mais semble, lui aussi, poser des conditions aux archs : la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur pourrait être, selon lui, parcellaire, en ce sens que certaines des revendications pourraient porter atteinte “à l'unité du peuple algérien et de l'intégrité de l'Algérie éternelle”. N. M.