Depuis la fin septembre, 12 hôpitaux situés dans les gouvernorats d'Idlib, Alep et Hama, dont six soutenus par Médecins sans frontières, ont été ciblés par des frappes aériennes. Médecins sans frontières tire la sonnette d'alarme. Au moins 35 personnes, entre patients et personnel médical, ont trouvé la mort et 72 autres ont été blessées au cours d'une «récente et significative augmentation» des frappes aériennes sur des hôpitaux en Syrie, a affirmé hier de Médecins sans frontière (MSF). Selon le communiqué de l'ONG, l'accroissement des frappes aériennes (dont l'organisation n'a pas identifié l'origine) qui ont débuté fin septembre ont touché 12 hôpitaux dans les provinces d'Idleb (ouest), Alep (nord) et Hama (centre), dont six sont soutenus par MSF. Après la récente polémique des frappes aériennes américaines sur un hôpital de MSF en Afghanistan, l'organisation a déploré cette augmentation de bombardements sur les hôpitaux. A cet effet, le chef de mission de MSF en Syrie, Sylvain Groulx, s'est dit «sidéré de voir combien le droit international humanitaire peut être aussi facilement bafoué par les différentes parties impliquées dans le conflit». Selon le responsable, les récents incidents ont contraints six hôpitaux, dont trois soutenus par MSF, de cesser leurs activités. L'Union des organisations de secours et soins médicaux a d'ailleurs fait état, cette semaine, de bombardements aériens sur trois hôpitaux, ayant fait 10 morts parmi les patients hospitalisés et huit blessés parmi les civils ainsi que cinq cadres médicaux qui sont dans un état critique. Les hôpitaux touchés se trouvent dans l'est d'Alep et dans le nord de Hama. Combat Par ailleurs, la Russie a mené pour la première fois un raid sur la province méridionale de Deraa, élargissant ainsi son champ d'opérations en Syrie. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), «des avions de combat, qui semblent être russes, ont mené dans le nuit de mercredi à jeudi des raids sur Hara, Tall Antar, Kafr Nasaj et Aqraba, dans le nord de la province de Deraa». «Cela serait la première fois que l'aviation russe atteint Deraa», a précisé le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane, sans donner de bilan. Une information confirmée quelques heures après par l'armée russe. En effet, elle a affirmé avoir bombardé 118 cibles «terroristes» en Syrie ces dernières 24 heures, un nombre de bombardements jamais atteint depuis le début de l'intervention militaire russe dans le pays, le 30 septembre. Selon un communiqué du ministère de la Défense, les avions russes ont effectué 71 sorties et frappé des cibles dans les provinces de Hama (centre), Idleb (nord-ouest), Lattaquié (ouest) et dans la région de la capitale, Damas. Terrorisme En fait, la région visée par les frappes russes est contrôlée par une mosaïque de mouvements rebelles modérés et islamistes ainsi que le front Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda. Cette province, frontalière de la Jordanie, est le théâtre de combats réguliers entre les forces du régime et les insurgés. De son côté, le ministère de la Défense russe a affirmé que l'augmentation de l'intensité des bombardements russes est due à la profusion d'informations issues de «divers canaux» sur les coordonnées de positions des «terroristes». A cet effet, le président Vladimir Poutine a indiqué, lors d'une rencontre avec le vice-chancelier allemand et ministre des Affaires économiques et de l'Energie, Sigmar Gabriel, que la victoire dans la lutte contre le terrorisme en Syrie doit rester la priorité actuelle avant tout dialogue concret sur une réconciliation politique dans le pays en conflit. «C'est seulement après avoir vaincu le terrorisme, ou au moins avoir porté un coup significatif contre les groupes terroristes et extrémistes, que l'on pourra parler des détails pour un règlement politique en Syrie», a-t-il ajouté. Par ailleurs, des pourparlers pour tenter de trouver une solution politique au conflit ont repris, hier à Vienne, entre les chefs des diplomaties américaine, russe, turque et saoudienne, qui ouvriront aujourd'hui leurs discussions à l'Iran. En effet, principal allié de Bachar Al Assad au Proche-Orient, l'Iran prendra part, pour la première fois, à ces pourparlers qualifiés d'«élargis». Très optimiste quant à une solution politique du conflit en Syrie, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a jugé, mercredi, que les pourparlers internationaux sur la Syrie représentent la meilleure chance de trouver une solution politique depuis le début de la guerre. Il est à noter que depuis mars 2011, le conflit en Syrie a déjà fait plus de 250 000 morts, 6,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays et 4,2 millions de réfugiés à l'étranger.