Il faut cesser de "jouer sur les mots et classer les terroristes en modérés et non modérés. Où est la différence ? Sans doute (...) ils décapitent les gens de façon modérée ou avec politesse", a ironisé le président russe en dénonçant le "double jeu" des Occidentaux avec les terroristes en Syrie. Après les frappes aériennes en Syrie depuis le début du mois, Moscou est passée à l'offensive diplomatique contre la politique des Occidentaux dans le traitement de ce dossier, comme l'indiquent ces déclarations de Vladimir Poutine, jeudi, lors du forum du Club de Valdaï à Sotchi. "Il est toujours difficile de mener un double jeu : dire qu'on lutte contre les terroristes et en même temps essayer de se servir d'une partie d'entre eux pour faire avancer ses pions au Proche-Orient et servir ses intérêts", a affirmé le patron du Kremlin. Selon lui, "c'est une illusion de croire qu'il sera possible de se débarrasser d'eux par la suite, de les écarter du pouvoir et de parvenir à s'entendre avec eux". "Pourquoi les efforts de nos partenaires américains et de leurs alliés dans la lutte contre l'organisation Etat islamique (EI) n'ont-ils toujours pas donné de résultats tangibles ?", s'est également demandé le président russe. Ces virulentes déclarations de Poutine interviennent à la veille de la rencontre qui s'est ouverte hier à Vienne entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et ses homologues américain John Kerry, saoudien Adel al-Jubeir et turc Feridun Sinirlioglu, représentant les pays les plus hostiles au maintien au pouvoir de Bachar al-Assad. Parallèlement à ces efforts de la diplomatie russe, l'aviation russe continue son intervention en Syrie. Ainsi, le chef de l'intervention militaire russe en Syrie, le général Andreï Kartapolov, a déclaré aux agences de presse russes qu'"à la suite des frappes aériennes russes, les principales unités des groupes terroristes, composées des combattants les mieux entraînés, ont été mises hors de combat". Il a assuré que "l'organisation et le système d'approvisionnement de ces groupes ont été perturbés. Les terroristes connaissent une grave pénurie en munitions, armes et carburant". Pour autant, peut-on "dire que le terrorisme en Syrie a été vaincu ? Non", a nuancé Poutine, qualifiant de "héros" les pilotes russes. Pour la seule journée de jeudi, l'armée russe a annoncé avoir bombardé 72 cibles de groupes "terroristes" en Syrie, selon un communiqué du ministère de la Défense. La même source a ajouté que les avions russes, qui ont effectué 53 sorties, ont frappé des "cibles terroristes" dans les provinces d'Idleb (nord-ouest), de Lattaquié (ouest), d'Alep (nord-ouest), de Deir Ezzor (est), de Damas et de Hama (centre). Le général Kartapolov a indiqué que l'aviation russe a frappé 819 "cibles terroristes", depuis le 30 septembre. M. T.